Derrière les clauses
Publié le 10 mars 2008 Lecture : 1 minute.
« Clauses secrètes » Tout de suite, l’imagination s’envole. On pense à des maîtres-espions, style James Bond. En réalité, dans les accords de défense signés au lendemain des indépendances, les clauses secrètes ont deux objets : réduire les éventuelles séditions et protéger personnellement les chefs d’État amis de la France. Au début, Paris applique ces clauses à la lettre. Exemples : au Gabon, en 1964, pour sauver le régime de Léon Mba. Ou en Côte d’Ivoire, en 1990, pour éviter qu’une mutinerie ne dégénère. Un officier français est même détaché par François Mitterrand auprès de Félix Houphouët-Boigny. « Je l’escortais dans tous ses déplacements. La nuit, j’étais posté devant la porte de sa chambre à coucher », se souvient le soldat d’élite.
Puis, le temps passant, la France commence à oublier sa signature. En 2002, au nom de ces fameuses clauses, Laurent Gbagbo demande à Jacques Chirac de faire bombarder les positions rebelles de Bouaké par des hélicoptères français. Le président français refuse et consent seulement à stopper l’avance rebelle sur Abidjan. Fureur de Gbagbo. L’année suivante, le chef de l’État centrafricain Ange-Félix Patassé est renversé pendant un voyage à Niamey. Il téléphone trois fois à l’Élysée pour demander à la France de reprendre le Palais à Bangui. Chirac, qui ne le tient pas en grande estime, ne le prend même pas au téléphone. En clair, depuis au moins dix ans, Paris n’applique les clauses secrètes que quand cela l’arrange.
La fin de ces dispositions signifie-t-elle que la France va abandonner ses amis chefs d’État à leur sort ? Non. « Clauses secrètes ou pas, on pourra toujours faire des activités grises, confie un décideur à Paris. Par exemple, du renseignement et du transport de munitions, comme au Tchad le mois dernier. Si un ami est en difficulté, on l’aidera discrètement, le temps qu’une instance sous-régionale nous donne un mandat pour le sauver, c’est-à-dire quarante-huit heures. » Bref, tout bouge pour que rien ne change.
