De Rabat à Alger

Publié le 11 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

Pendant que mes collègues célébraient en grande pompe les cinquante ans d’histoire commune et passionnelle de Jeune Afrique avec le Maroc (voir pp. 24-31), j’étais, moi, à Alger. Simple coïncidence, mais, au Maghreb, on en revient toujours aux frères ennemis
Si la plupart des observateurs saluent l’évolution positive d’un Maroc qui se modernise, l’Algérie, elle, suscite toujours autant d’interrogations. Plus de quarante-cinq ans après son indépendance, « El Djazaïr » poursuit son chemin cahoteux, semé d’innombrables obstacles, de tragédies et de sang. Un parcours du combattant dont peu de nations se seraient relevées. Mais l’Algérie est toujours là, debout et fière.
Pas une semaine ne passe sans qu’une personnalité politique de premier plan ou d’imposantes délégations d’investisseurs étrangers ne débarquent dans la capitale. Une sarabande incessante et flatteuse pour l’ego d’une nation qui n’a toutefois pas oublié que ses « amis » d’aujourd’hui ne faisaient pas montre de la même sollicitude quand elle eut à affronter une des pires périodes de son histoire, au coeur des années 1990.

L’Algérie est sur la bonne voie. Il suffit de s’y rendre pour le constater. Mais elle n’avance pas assez vite au goût de ses « enfants », confrontés aux difficultés quotidiennes d’une vie que les milliards de dollars de la manne pétrolière devaient rendre meilleure. Ici comme ailleurs, la question du pouvoir d’achat est sur toutes les lèvres. Mais ici peut-être plus qu’ailleurs, les forces d’inertie restent puissantes. Le cap des réformes fixé il y a neuf ans par le chef de l’État Abdelaziz Bouteflika se heurte encore aux pesanteurs de l’administration, au manque de moyens humains, au déficit de compétitivité du secteur public, aux mentalités qui peinent à évoluer et aux pétrodinars qui rendent moins impérieuse l’adaptation de l’économie aux lois du marché international. Plus inquiétant, un véritable bras de fer oppose conservateurs et réformateurs. Bouteflika sait tout cela, qui ne cesse de tancer ses ministres et d’exiger des résultats. Il sait aussi qu’en avril 2004 les Algériens l’ont réélu pour son bilan mais aussi pour ses promesses. L’Algérie de 2008 n’est plus la nation exsangue de la fin des années 1990, loin de là. Mais à un an de la fin du deuxième mandat de « Boutef » et en attendant d’en savoir plus sur les perspectives d’un troisième , elle n’est pas encore ce qu’elle devrait être. Simple question de temps ?

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