Courrier des lecteurs

Publié le 10 mars 2008 Lecture : 6 minutes.

« Mon ami Fidel »
– J’ai voulu m’accorder des vacances sans lecture, mais j’ai été rattrapé à Rome par la une de votre n° 2459 et je ne résiste pas à la tentation de témoigner.
En effet, Fidel Castro a marqué ma petite enfance, et je me souviens encore des motos à trois places conduites par des militaires cubains circulant (en 1974) dans la ville de Dolisie, au Congo-Brazzaville, base arrière des combattants du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA).
Je dois beaucoup à Castro mon engagement (actuel) sur le plan des idées dans la lutte contre les inégalités (sociales) entre les hommes, même si je m’incline face à la douleur des victimes des effets pervers de la révolution cubaine.
Du règne de Castro, je retiens les actions les plus nobles (éducation, santé, lutte pour la libération des peuples opprimés) et je laisse aux Américains (initiateurs de l’embargo) la liberté de commentaire sur les détails : le cigare et la longueur de barbe de « mon ami Fidel ».
Patrick Tchicayat, depuis Rome, Italie

Cinquante ans au pouvoir, quand même
– Castro est resté quand même cinquante ans au pouvoir. Ce qui n’est pas bien. Et, en Afrique, il y a des dirigeants qui sont là également depuis des décennies et qui ne veulent pas partir. Modifiant les Constitutions à leur guise, ils préfèrent mourir au pouvoir, quitte à enjamber les cadavres de leurs concitoyens. Ce qui se passe actuellement au Kenya est honteux dans la mesure où un homme qui n’est pas loin de l’âge de Castro, bien que battu aux élections, s’accroche.
Elhadji Kollo Saloum, sur le blog de Béchir Ben Yahmed

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Castro et Gates, même combat
– Béchir Ben Yahmed parle de Bill Gates comme étant le contraire de Fidel Castro, c’est-à-dire l’anti-Castro.
Je ne peux nier l’existence de différences entre eux, surtout dans la vision économique. Cependant, ces deux hommes se rejoignent sur bien des plans. Fidel a lutté pour réduire les disparités sociales. Bill en a fait sa priorité quand il a découvert la misère dans le monde. Gates met l’accent sur l’éducation et la santé. Castro les a rendues gratuites dans son pays.
Même si la politique du Líder Máximo n’aurait pas permis l’éclosion et le développement de géants comme le patron de Microsoft, leur objectif commun est de rendre la vie meilleure pour les hommes.
Gates, l’anti-Castro ? Pas tout à fait.
Bassirou Goumbala, Dakar, Sénégal

Réponse : Merci de relativiser. Bill Gates et Fidel Castro veulent tous les deux le progrès humain, vous avez raison. Mais l’un, Castro, déteste le capitalisme, ses règles et ses méthodes. Ne croit pas à leur efficacité. Tandis que l’autre est convaincu qu’elles sont nécessaires et suffisantes pour assurer ce progrès.B.B.Y.

« El Comandante » a donné l’exemple
– « El Comandante » a pris la décision de passer la main. Sage décision. Je me pose une question : pourquoi les présidents arabes ne font pas la même chose ?
Halima Boulahrouz, Aïn Beïda, Algérie

Heureusement, Hortefeux doute
– J’ai lu avec intérêt l’interview de Brice Hortefeux, ministre français de l’Immigration et de l’Intégration (J.A. n° 2458). Son « non, la France n’est pas raciste » sonne comme une provocation. Il énonce une vision réductrice du racisme, qui habite chacun de nous et dont la manifestation contrôlée ou violente dépend de l’utilisation que chacun en fait.
Je me rassure devant sa réponse à la question : « Vous arrive-t-il parfois de douter de ce que vous faites ? » « Tous les matins », dit-il.
Je crains, du reste, que le président Sarkozy ne soit en train de devenir la victime expiatoire d’une certaine forme de racisme dans son propre pays.
Yadji Sangaré, Montreuil, France

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Entretien viril
– J’ai trouvé particulièrement intéressante l’interview de Brice Hortefeux (J.A. n° 2458). Je réside en France depuis maintenant sept ans et ma famille, restée au pays, ne peut toujours pas me rejoindre justement parce que M. Hortefeux a durci les conditions du regroupement familial. Je comprends parfaitement les défis auxquels ce pays doit faire face, mais il ne faut pas que la France, terre d’accueil, ternisse son image à force de tout verrouiller. Il est nécessaire de mettre en place une politique équilibrée, et, pour le moment, ce n’est pas vraiment le cas. Encore bravo néanmoins pour cet entretien viril…
Fadhel Jridi, avocat, Toulouse, France

Sénégal, pays de l’intolérance ?
– Mais qu’est-ce que ça peut leur foutre que deux individus consentants du même sexe décident de cohabiter sans s’en cacher, mariage ou pas (voir « Sénégal : les homos dans la tourmente », J.A. n° 2457) ? À qui font-ils du tort ?
Lorsque M. Wade, lequel n’est pas le pire chef d’État africain, s’en va faire allégeance à un représentant de secte religieuse sur « ses » terres, j’ai honte. Voilà bien une raison autrement plus sérieuse de pousser les honnêtes gens à protester.
Que le Sénégal appartienne à l’Organisation de la conférence islamique comme si ce pays était une homogénéité musulmane sans demander l’avis de l’athée que je suis et encore moins celui des très nombreux non-musulmans, je m’insurge avec la dernière énergie.
De pays de tolérance, voici le Sénégal pays de l’Intolérance. Sacrée avancée !
Désormais, les immigrés sans titre se prétendant sénégalais homosexuels risquent la persécution dans leur pays en cas d’expulsion, ce qui doit rendre quelque peu perplexes les polices occidentales des frontières.
Comment disait l’autre, déjà ? Ah oui : tristes tropiques !
Pap Sarr, Paris, France

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Ce qui ne va pas au Bénin
– Depuis que Boni Yayi a été élu à la tête du Bénin, on parle de plus en plus de ce pays sur le plan international. Les investisseurs se bousculent, on assiste à des poses de première pierre un peu partout dans le pays. Les cadres béninois accèdent à de hautes fonctions dans les grandes institutions africaines et internationales. Mais les Béninois attendent toujours des retombées sur les plans économique et social. C’est le désespoir généralisé, des grèves par reconduction tacite qui bloquent le fonctionnement normal de presque toute l’administration. Pendant ce temps, les politiciens, au lieu de chercher des solutions concrètes et durables aux préoccupations de la population, se livrent à des querelles de personne, à des débats stériles. Ils sont tous en campagne précoce en vue des élections communales et municipales prochaines.
Patrick Wologan, Cotonou, Bénin

Applaudissons Sarkozy… d’une seule main
– Quelques mois après le dérapage verbal de l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, nous aurions pu applaudir des deux mains le discours de Nicolas Sarkozy devant les députés sud-africains (voir J.A. n° 2460). Parce qu’il propose enfin ce que les partisans de l’Afrique digne réclament depuis maintenant plusieurs décennies… Mais nous ne le ferons que d’une seule main. Tout d’abord parce que ce discours aurait dû être tenu non pas au Cap, où il n’existe ni base française ni accord de défense, mais à Dakar, à N’Djamena ou à Abidjan. Ensuite, parce que nous espérions de toutes nos forces qu’un de nos présidents – africain – soit à l’origine de cette révolution.
On peut douter de la sincérité du président français. On peut aussi estimer que cette décision s’impose à la France qui n’a plus aujourd’hui les moyens de jouer les gendarmes de l’Afrique. Nous osons croire aussi que, lors des discussions annoncées, nos responsables oseront aborder toutes les questions qui fâchent : accords de défense, de coopération, bases militaires certes, mais aussi tout le volet économique, le franc CFA, l’indépendance de la BCEAO…
Si tel est le cas, il n’y aura plus aucune raison que nous n’applaudissions pas des deux mains la liberté retrouvée.
Anicet Djéhoury, Abidjan, Côte d’Ivoire

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