Au nom des Palestiniens

Publié le 10 mars 2008 Lecture : 2 minutes.

On ne boycotte pas à la légère une manifestation comme le Salon du livre de Paris. On ne pénalise pas sans mauvaise conscience des écrivains et des penseurs, quelle que soit leur nationalité. Aucun embargo intellectuel n’est justifiable s’il n’a pas de corrélation directe avec la chose politique. On voudrait tellement ne pas ostraciser les écrivains israéliens invités à Paris dont beaucoup n’ont cessé d’être des défenseurs de la cause palestinienne.
Hélas, l’erreur a été commise dès le départ par la partie française. L’invitation lancée aux écrivains israéliens n’est pas faite en l’honneur de leur littérature – personne n’y aurait rien vu d’inconvenant -, mais « à l’occasion du 60e anniversaire de la naissance de l’État d’Israël ». Ceux qui disent qu’il ne faut pas confondre culture et politique seraient bien inspirés de se rappeler cet argument.

On boycotte parce que le contexte actuel l’impose également. À l’heure l’armée d’Israël vient de tuer une centaine de Palestiniens à Gaza, dont des femmes et des bébés, à l’heure où de hauts responsables israéliens parlent de « Shoah » infligée aux Gazaouis, comment peut-on accepter de fêter la littérature en présence de l’ambassadeur d’Israël ? Depuis qu’on reproche, à juste titre, aux intellectuels musulmans d’être silencieux sur les dictatures de leur pays ou sur les violences terroristes des leurs, pourquoi nous refuserait-on le droit de demander aux intellectuels juifs, partout où ils sont, de prendre publiquement position contre les violences infligées quotidiennement aux Palestiniens ?

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Enfin, oublie-t-on que l’on nous demande de banaliser la présence du dernier État colonisateur de la planète, mine de rien ! Imaginez un salon sur les écrivains sud-africains du temps de l’apartheid : se serait-on étonné d’un appel au boycott ? Se serait-on indigné qu’on refusât d’y mettre les pieds ?
Précisons enfin que la question n’est pas israélo-arabe et qu’il ne s’agit guère de mettre le pas dans celui de régimes arabes inconséquents, ni de prendre fait et cause pour une communauté. Il s’agit d’être du côté du faible et du colonisé. Israël aurait exercé son oppression sur d’autres que des Arabes – Latinos, bouddhistes -, la réaction aurait été la même. Nous aurions boycotté. Au nom de la littérature et de la libre pensée !

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