Terreur préélectorale

À quelques semaines de la présidentielle, actes d’intimidation et assassinats se multiplient. Dernière victime en date : Harry Sokrari Marshall, une figure de l’opposition.

Publié le 12 mars 2003 Lecture : 2 minutes.

L’intimidation et les éliminations politiques seraient-elles de retour au Nigeria ? Harry Sokrari Marshall, une des figures majeures de l’opposition, a été tué à son domicile, le 5 mars, par des inconnus. Vers 3 heures du matin, cinq hommes armés s’introduisent dans sa résidence du quartier de Garki à Abuja, la capitale fédérale, en escaladant le mur d’enceinte. Après avoir neutralisé les gardiens et le système d’alarme, ils coupent les fils du téléphone et dérobent les appareils portables. Ils pénètrent dans la maison par la porte de la cuisine et menacent le personnel pour savoir où se trouve le maître de maison. Alerté par le bruit, Marshall se précipite sur son balcon avec sa fille pour appeler au secours. Les assaillants se jettent sur lui, le ramènent dans la pièce et le tuent de deux balles dans le ventre tirées à bout portant. Malmenée par les assassins, la jeune fille, en état de choc mais indemne, a dû être hospitalisée.
Cette affaire pourrait être le quatrième assassinat (présumé) politique en l’espace d’un mois. Marshall était vice-président à l’échelon national du All Nigeria People’s Party (ANPP) et coordinateur pour la région Sud-Sud – c’est-à-dire le delta du fleuve Niger – de la campagne électorale du principal candidat de l’opposition à la présidentielle du 19 avril, le général à la retraite Muhammadu Buhari, challenger du président sortant, Olusegun Obasanjo. Plusieurs cadres de l’ANPP ont été victimes, ces derniers mois, d’attaques à main armée ou de vandalisme, et trois personnes ont été tuées, notamment Ogbonnaya Uche, candidat au poste de sénateur du district d’Orlu, dans l’État d’Imo, à la frontière nord de celui de Rivers.
L’hypothèse d’un règlement de comptes politique est étayée par le fait que Marshall a été vice-président et fondateur du People’s Democratic Party (PDP), le parti au pouvoir. Depuis qu’il l’a quitté avec fracas, en 2002, il multiplie les attaques à l’endroit de ses anciens amis. Dans les premiers jours de mars, un quotidien national a publié des extraits d’une lettre à la police, signée par lui, accusant les responsables du PDP d’intimider et de faire arrêter les militants de l’ANPP, et même de stocker des armes et d’entraîner des voyous pour perturber le scrutin du 19 avril.
Le chef de l’État et les membres du gouvernement, ainsi qu’Audu Ogbeh, président du PDP, ont fermement condamné l’assassinat de Harry Marshall. Mais leurs propos n’ont pas calmé le président de l’ANPP, Don Etiebet. Lequel a réagi vigoureusement : « Si les intimidations et les assassinats continuent, nous n’aurons d’autre option que d’appeler les Nigérians à se défendre eux-mêmes contre les actes diaboliques de ceux qui veulent la perte de notre pays. » Des propos qui ne sont pas pour apaiser le climat en cette période préélectorale.

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