Qu’est-ce qui fait courir Aznar ?

Il est, avec le Britannique Tony Blair, le plus fidèle allié de George W. Bush…

Publié le 12 mars 2003 Lecture : 2 minutes.

Pourquoi José María Aznar s’est-il associé à Tony Blair pour faire circuler une « lettre des Huit » soutenant la position américaine sur l’Irak, face au duo franco-allemand ? Pourquoi l’Espagne manoeuvre-t-elle avec les États-Unis et la Grande-Bretagne pour faire adopter une seconde résolution au Conseil de sécurité ? Réponse : pour des raisons autant personnelles que politiques. Aznar et George W. Bush se sont en effet découvert des atomes crochus bien avant le récent séjour du Premier ministre espagnol dans le ranch texan du président américain.
Le déclic se situe en juin 2001, lorsque Bush, en route pour la Slovénie afin de rencontrer le président russe, a fait étape à Madrid. Aznar a raconté dans le détail à son visiteur une longue conversation qu’il avait eue avec Vladimir Poutine, au cours de laquelle celui-ci l’avait convaincu qu’il avait besoin des États-Unis pour relancer l’économie russe, conforter l’unité de la Fédération et redonner à son pays un rôle majeur sur la scène mondiale. D’où les déclarations de Bush à Ljubljana et la confiance accordée publiquement à Poutine… Autre facteur personnel qui rapproche Aznar de Bush : la volonté farouche de faire échec au terrorisme. La lutte contre l’ETA est une des priorités du chef du gouvernement espagnol, qui a échappé de peu à un attentat. Lors de la rencontre de Madrid, il a d’ailleurs obtenu l’aide des services de renseignements américains pour combattre le terrorisme basque.
Politiquement, la nouvelle Espagne intéresse aussi beaucoup les États-Unis. C’est le seul pays de l’Union européenne qui a des contacts directs à la fois avec le monde arabe, via le Maroc où elle possède deux enclaves, et avec l’Amérique latine. En outre, elle est l’un des pays démographiquement les plus jeunes et économiquement les plus dynamiques sur le Vieux Continent. Aznar gouverne au centre droit, ce qui n’a rien pour déplaire à Bush, et incarne une Europe attachée aux valeurs atlantiques, à l’opposé d’une Allemagne majoritairement pacifiste et d’une France décidément un peu trop gaullienne. D’où son lobbying, ces derniers jours, aussi bien auprès de l’Égyptien Hosni Moubarak et du Libyen Mouammar Kadhafi que du Chili et du Mexique.
Ce qui ne l’empêche pas d’insister auprès de Bush pour qu’il s’intéresse davantage au conflit israélo-palestinien. « Je lui dis qu’il vaut mieux marcher sur deux jambes que claudiquer sur une seule », raconte Aznar. Les deux jambes sont, l’une, le désarmement de l’Irak ; l’autre, la paix au Proche-Orient avec la création d’un État palestinien. Est-ce cette insistance d’Aznar qui a incité Bush à réaffirmer, l’autre semaine, pour la première fois depuis longtemps, son « engagement personnel » en faveur de cette paix et de cet État ?

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires