Afrique : l’utilisation des engrais reste minimale

La 5ème conférence Argus FMB Africa Fertilizer, a eu lieu du 19 au 21 février à Marrakech. L’occasion pour les professionnels du secteur de rappeler la faible consommation d’intrants à travers le continent et ses conséquences sur la production.

Vue aérienne d’un homme en train de labourer un champ dans la région de Mana, au Burkina Faso. © Renaud VAN DER MEEREN/EDJ

Vue aérienne d’un homme en train de labourer un champ dans la région de Mana, au Burkina Faso. © Renaud VAN DER MEEREN/EDJ

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Publié le 25 février 2014 Lecture : 3 minutes.

« Il faut fertiliser les sols africains ». La 5ème conférence Argus FMB Africa Fertilizer, qui du 19 au 21 février a réuni à Marrakech, l’ensemble des producteurs et distributeurs d’engrais présents en Afrique a été une nouvelle fois l’occasion de rappeler la faible consommation d’intrants à travers le continent.

Rendements poussifs

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« Quand l’Asie utilise 200 kg d’engrais par an et par hectare, l’Afrique subsaharienne se contente de 8 kg », a rappelé dans son introduction Rob Groot, responsable de l’International Fertilizer Development Center (IFDC) pour l’Afrique Australe et Orientale. Les chiffres varient peu d’une année sur l’autre et les rendements à l’hectare restent toujours aussi poussifs, notamment en Afrique de l’Ouest, obligeant le continent à importer les trois quarts de ses besoins alimentaires.

« Les engrais utilisés en Afrique sont souvent inadaptés au contexte géologique, avec des rendements très décevants », estime un expert ghanéen.

Si la production agricole a enregistré une augmentation de ses volumes, elle le doit surtout ces dernières années à l’extension des terres arables. Estimées à 2 millions de tonnes en 2002, les quantités d’engrais utilisées à l’échelle de l’Afrique ont à peine atteint les 4 millions dix ans plus tard selon l’IFDC. Alors que le spectre de la malnutrition continue de planer sur le continent et concerne encore aujourd’hui un Africain sur quatre, l’agriculture africaine aura besoin de plus de 6 millions de tonnes d’engrais en tout genre dès 2017 pour répondre aux besoins liés à l’explosion démographique attendue d’ici à 2050, lorsque la population africaine culminera à 1,7 milliards de personnes contre un peu plus de 800 millions aujourd’hui.

Contraintes

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Bien qu’identifiées depuis longtemps, les contraintes propres au contexte africain ont connu peu d’amélioration ces dernières années. « Le manque d’infrastructures de transports et de distribution, les difficultés à trouver les sources de financement pour les producteurs, le coût élevé des barrières douanières limitent l’accès physique aux intrants en même temps qu’ils gonflent les prix », énumère Rob Groot. Plus chers que dans le reste du monde, les engrais restent essentiellement utilisés pour les cultures de rente, avec une mention spéciale pour les pays d’Afrique de l’Est d’après les statistiques de l’IFDC.

Les experts qui se sont succédés pendant deux jours à la tribune ont également insisté sur l’urgence pour les fabricants à mettre aux points des engrais adaptés aux particularités des sols africains. « Les engrais utilisés en Afrique sont le plus souvent inadaptés au contexte géologique, avec des résultats très décevant en terme de rendement », observe Kofi Debrah, responsable au Ghana du programme West Africa fertilizer, financé par l’USAID.

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Pouvoirs publics

La question de la distribution des engrais à des fins politiques à également été abordée, sur un continent où 40 % des volumes d’intrants sont aujourd’hui subventionnés, mais sans trouvé de nouvelles réponses, alors que les pouvoirs publics en général ont brillé par leur absence durant ces deux jours de conférence.

 Tout comme les producteurs africains d’ailleurs, qui n’ont pas été conviés à participer à ce rendez-vous « avant tout commercial », comme l’a précisé Kevin Hill, le vice-président d’Argus – FMB, l’organisateur de l’événement.

Ce dernier préfère insister sur le record de fréquentation de cette cinquième édition, avec des participants en provenance d’une soixantaine de pays, dont un fort contingent asiatique arrivant de Singapour, de Corée du Sud et signe des temps « pour la première fois de Chine ».

Organisé avec le soutien très actif de l’Office chérifien des phosphates (OCP), c’est la quatrième fois en cinq ans que cette conférence était organisée au Maroc. Après une parenthèse sénégalaise en 2013, l’édition 2015 devrait être délocalisée pour la première fois en Afrique de l’Est, le Kenya tenant pour l’instant la corde.

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