La BAD prend ses quartiers à Tunis

À l’« agence temporaire de relocalisation » de l’institution panafricaine, les opérations ont effectivement commencé le 5 mars.

Publié le 12 mars 2003 Lecture : 3 minutes.

La Banque africaine de développement (BAD) s’est installée à Tunis, où elle a, temporairement, transféré l’ensemble de ses activités en raison des problèmes de sécurité en Côte d’Ivoire, qui abritait son siège depuis 1966.
Une réception de bienvenue en l’honneur d’Omar Kabbaj, président de l’institution, et des hauts cadres de la Banque a été organisée, le 3 mars, à Tunis, par le gouvernement. Le mercredi 5 mars, les opérations ont effectivement commencé.
Baptisé « agence temporaire de relocalisation », le site de secours de la BAD, un immeuble de verre de huit étages, est situé à l’angle de la rue de la Monnaie et de la rue du Ghana, à quelque 300 mètres des sièges de la Banque centrale et d’autres grandes banques locales.
La plupart des membres du personnel ont retrouvé un bureau et un ordinateur. Au total, le siège alternatif de Tunis abritera un millier de fonctionnaires internationaux, auxquels viendra s’ajouter le personnel qui doit être recruté localement. Au nombre de 290 début mars, les fonctionnaires seront rejoints, fin mars, par 120 de leurs collègues qui assureront la continuité des opérations financières dans un local de secours mis à leur disposition par une firme privée spécialisée pour une durée de huit semaines. Les 600 restants arriveront fin juin, le temps d’aménager un troisième local, l’actuel ne pouvant abriter que 400 personnes.
Tunis n’est que le siège provisoire, Abidjan, où un personnel local d’environ deux cents personnes continuera à entretenir les locaux et à être payé, demeurant, dit-on à la BAD, le siège « statutaire ».
L’établissement d’un siège de secours à Tunis a été décidé bien avant les événements du 19 septembre en Côte d’Ivoire, la situation sécuritaire dans ce pays ayant commencé à se dégrader dès 2000. Il a fallu que la crise ivoirienne s’aggrave brusquement pour que les Nations unies déclenchent la phase IV de leur système d’évaluation des risques à Abidjan, synonyme d’évacuation de son personnel international, pour que la BAD, dont les principaux dirigeants ont été physiquement menacés, suive le mouvement à partir du 5 février. Réuni à Accra les 17 et 18 février 2003, le Comité consultatif de la Banque a décidé de transférer toutes les activités de l’institution à Tunis pour une durée de six mois, renouvelable. Selon toute vraisemblance, cette situation pourrait se prolonger jusqu’à 2006. Le temps que la Côte d’Ivoire, où une élection présidentielle est envisagée pour le mois d’octobre 2005, retrouve la stabilité.
La BAD, qui fournit des ressources financières à des conditions de faveur à ses 53 pays membres africains, comprend aussi parmi ses actionnaires 24 États non africains, dont 8 pays de l’Union européenne, les États-Unis ainsi que d’autres pays de l’OCDE.
La relocalisation de la BAD à Tunis intervient au moment où l’Afreximbank, dont le siège est au Caire, s’apprête à ouvrir une branche à Tunis. L’Afreximbank a pour mission de favoriser les échanges commerciaux entre les pays du continent.
L’arrivée de ces deux grandes institutions financières africaines n’est pas un hasard : plusieurs banques internationales s’intéressent de plus en plus au site Tunisie. Dernière en date : la Société générale (France) qui, début octobre 2003, a acquis 52 % du capital d’une banque de la place, l’Union internationale de banques (UIB). D’autres établissements s’intéressent à la prochaine privatisation de la Banque du Sud.
Tunis abrite déjà plusieurs banques étrangères. La Citibank et Arab Banking Corporation y ont chacune à la fois une branche offshore et onshore.
Autres banques étrangères offshore : Tunis International Bank (TIB), Loan & Investment Co (Link), Beit Ettamwil Saoudi Tounisi (Best), North African International Bank (Naib), et Al Ubaf International Bank (AIB).
Avec cette modification de son paysage bancaire, Tunis rêve déjà de devenir une place financière régionale et fait valoir les atouts qui lui ont permis d’être choisi pour abriter l’annexe de la BAD et la branche de l’Afreximbank : infrastructures de télécommunications internationales modernes et fiables, liaisons aériennes quotidiennes avec plusieurs capitales européennes et nord-africaines et ouverture prochaine par Tunisair d’une liaison régulière Tunis-Bamako-Abidjan.

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