Nizar Baraka : « Le PJD a aggravé les inégalités entre Marocains »

Critique envers le gouvernement El Othmani, le chef de l’Istiqlal espère arriver en tête des législatives de septembre. Entretien.

Nizar Baraka,  au siège de l’Istiqlal, à Rabat, le 14 juillet 2021. © Naoufal Sbaoui pour JA

Nizar Baraka, au siège de l’Istiqlal, à Rabat, le 14 juillet 2021. © Naoufal Sbaoui pour JA

FADWA-ISLA_2024

Publié le 30 juillet 2021 Lecture : 14 minutes.

Le 8 septembre, trois scrutins se dérouleront dans le royaume : les législatives, les communales et les régionales. Des élections qui revêtent cette année une dimension particulière, le Maroc ayant lancé son grand chantier économique et social, avec l’ambition de devenir un pays émergent d’ici à 2030. Pour y parvenir, le rapport sur le nouveau modèle de développement, remis à Mohammed VI le 25 mai, préconise des réformes axées sur l’éducation, la santé, la réduction des inégalités ou la lutte contre l’économie de rente.

Pour organiser et conduire ce chantier au cours des cinq prochaines années, quatre formations politiques sont dans les starting-blocks : le Parti de la justice et du développement (PJD), qui, malgré l’usure du pouvoir, garde toutes ses chances ; le Parti authenticité et modernité (PAM), deuxième force politique du pays ; le Rassemblement national des indépendants (RNI) d’Aziz Akhannouch, et l’Istiqlal de Nizar Baraka.

Mais, déjà, dans les salons de Rabat et de Casablanca, Baraka est présenté comme « l’homme de la situation ». Aux yeux de beaucoup en effet une nouvelle victoire du PJD diluerait l’effet de renouveau du modèle de développement promu par le roi ; Aziz Akhannouch, le patron du RNI, demeure, malgré sa compétence, une personnalité clivante ; enfin, malgré son aggiornamento, le PAM garde l’image d’un parti hégémonique. Dans cette configuration, les astres semblent alignés en faveur de l’Istiqlal, qui, après plus de sept années dans l’opposition, est l’un des rares mouvements à bénéficier encore d’une image positive.

Prestigieuse descendance

Petit-fils d’Allal El Fassi, figure emblématique du nationalisme marocain, et descendant du saint Moulay Abdeslam Ben Mchich Alami (lui-même descendant du chérif Moulay Idriss, fondateur de l’État marocain au IXe siècle), Nizar Baraka, 57 ans, combine subtilement ancrage traditionnel, légitimité politique et profil technocratique. Il paraît donc le mieux placé pour diriger le futur gouvernement.

Docteur en économie, il a passé l’essentiel de sa carrière au ministère des Finances avant d’être nommé ministre des Affaires générales et économiques, en 2007, sous le gouvernement istiqlalien d’Abbas El Fassi, son beau-père. Sa parfaite connaissance des dossiers économiques et sociaux lui valait alors d’être considéré comme une sorte de vice-Premier ministre.

Nizar Baraka a ensuite été ministre des Finances au sein du gouvernement Benkirane, auquel son parti a brièvement participé.

la suite après cette publicité

Travail de terrain

En 2013, changement de décor : à l’initiative de Hamid Chabat, son nouveau secrétaire général, l’Istiqlal quitte le gouvernement islamiste. Baraka s’incline, malgré son désaccord.

Il n’abandonne pas pour autant la sphère publique, le roi l’ayant nommé, cette même année, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE). Un poste qu’il occupe jusqu’au jour où il est appelé à la rescousse de l’Istiqlal, qui a subi une cuisante défaite aux élections législatives de 2016. Baraka entreprend alors un travail de terrain, remobilisant les militants et restructurant le parti.

la suite après cette publicité

Avec un programme qu’il veut « égalitaire » sur le plan social comme sur le plan économique, à rebours de « l’ultralibéralisme des anciens gouvernements », Nizar Baraka veut aujourd’hui incarner l’alternance. Entretien exclusif.

Jeune Afrique : Votre ambition est d’arriver premier aux législatives pour qu’il y ait alternance, après dix ans de gouvernance du PJD. Cet objectif est-il réaliste ?  

Nizar Baraka : L’alternance démocratique s’impose à plus d’un titre. Le Maroc a subi de plein fouet la crise du Covid, qui a mis à nu les failles de son tissu économique et les fragilités de son tissu social, aggravées par l’actuel gouvernement.

Il est donc essentiel que le pays renoue avec une dynamique de croissance soutenue et relève les défis liés aux effets de la pandémie. Sous l’impulsion du souverain, le royaume s’est engagé dans la mise en œuvre d’un nouveau modèle de développement. Celui-ci implique un changement significatif en matière de conduite des politiques publiques.

L’alternance permettra d’améliorer les conditions de vie de la population. »

Bien s’informer, mieux décider

Abonnez-vous pour lire la suite et accéder à tous nos articles

Image
Découvrez nos abonnements
la suite après cette publicité

La rédaction vous recommande

Maroc : en tournée électorale avec Aziz Akhannouch

Maroc : les islamistes du PJD face à l’usure du pouvoir

Contenus partenaires