Charles Murigande

Les maths mènent à tout…

Publié le 12 mars 2003 Lecture : 2 minutes.

Nommé chef de la diplomatie le 15 novembre dernier, Charles Murigande n’est pas un nouveau venu sur la scène politique rwandaise. Il en fut même l’un des principaux animateurs, en tant que secrétaire général du Front patriotique rwandais (FPR, parti au pouvoir), depuis février 1998.
Cet homme discret affiche un parcours similaire à celui de ces centaines de cadres qui ont connu l’exil. Né à Butare en 1958, il quitte le Rwanda deux ans plus tard, lorsque sa famille se réfugie au Burundi. Il poursuivra ses études à Bruxelles, jusqu’à obtenir en 1986 un doctorat en mathématiques. De retour dans la région des Grands Lacs, il va travailler durant deux ans à l’Institut géographique du Burundi. C’est à cette époque qu’il adhère au FPR. En 1989, il met le cap sur les États-Unis. Destination Washington, où il occupe le poste de directeur de l’unité de biostatistiques de la faculté de médecine d’Howard.
Le 6 avril 1994, le pays sombre dans le chaos. La victoire militaire du FPR, en juillet, va conduire Murigande à mettre fin à son exil. Nommé conseiller à la présidence de la République, il quitte ce poste en août 1995 pour entrer au gouvernement, où il hérite des Transports et de la Communication. L’expérience dure deux ans, jusqu’à ce qu’il soit nommé recteur de l’université de Butare. Il y restera jusqu’à son élection au secrétariat général du FPR.
De Bruxelles à Washington en passant par Paris, Charles Murigande a aujourd’hui pris son bâton de pèlerin pour expliquer aux partenaires de Kigali les modalités de la « démocratisation » et de la « réconciliation » au pays des Mille Collines. C’est aussi l’occasion pour lui d’évoquer la crise congolaise. Le blocage que connaît actuellement le processus de paix n’est pas imputable à Kigali, se défend Murigande : « Plus aucun soldat rwandais ne se trouve actuellement sur le sol congolais », assène-t-il.
Charles Murigande a profité du Sommet France-Afrique du 19 au 21 février dernier pour évoquer les relations bilatérales avec Paris. Neuf ans après l’opération Turquoise, le fiasco diplomatique de la France dans la région des Grands Lacs pèse encore sur les rapports entre les deux pays. Contrairement à la Belgique, Paris a toujours refusé de formuler des excuses pour son rôle durant le génocide. Au-delà de la froideur des déclarations officielles, Charles Murigande s’est néanmoins entretenu avec son homologue français, Dominique de Villepin, qui s’est déjà rendu à Kigali en septembre dernier. S’il est trop tôt pour parler de réconciliation, on peut toutefois évoquer une certaine « normalisation ».

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