Thierry Déau (Meridiam) : « Face à la Chine, Europe et États-Unis doivent unir leurs forces pour aider l’Afrique »

Présence française en Afrique, FMI, Chine… le futur actionnaire majoritaire de Suez, réputé proche de l’Élysée, est le grand invité de l’économie RFI/Jeune Afrique dans l’émission Eco d’ici Eco d’ailleurs, diffusée sur RFI samedi 24 juillet à 12h10 heure de Paris, 10h10 TU. Extraits.

Thierry Déau, interrogé par RFI et Jeune Afrique à Paris, le 20 juillet 2021. © RFI

Thierry Déau, interrogé par RFI et Jeune Afrique à Paris, le 20 juillet 2021. © RFI

Julien_Clemencot

Publié le 23 juillet 2021 Lecture : 3 minutes.

Jusqu’à récemment, Thierry Déau, 52 ans, était largement méconnu en dehors des cercles financiers. Sa participation à l’opération de rachat de Suez par Veolia l’a propulsé sur le devant de la scène.

À la fin de 2021, cet amateur d’opéra qui roule en  Porsche électrique prendra le contrôle d’un nouveau Suez recentré sur la gestion de l’eau en France, mais également présent en Inde, en Chine, en Italie, au Maroc et au Sénégal.

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Tout juste approuvée par l’Autorité des marchés financiers (AMF), cette opération offrira un prolongement naturel aux investissements réalisés depuis 2015 par sa société, Meridiam, sur le continent, dont Thierry Déau a coutume de dire qu’il représente l’avenir de l’Europe. Convaincu du potentiel des partenariats public-privé à un moment où le surendettement guette tous les États, l’homme d’affaires achève actuellement la levée d’un second fonds africain d’environ 550 millions d’euros.

Grâce à cette somme, qui fait effet de levier, Meridiam devrait doubler d’ici à quatre ou cinq ans son portefeuille d’actifs au sud de la Méditerranée pour que celui-ci atteigne trente projets d’infrastructures, évalués à plus de 8 milliards d’euros. Interrogé par RFI et Jeune Afrique, cet ingénieur des Ponts et chaussées, réputé proche de l’Élysée, revient sur les conséquences de la pandémie de Covid et commente les stratégies de relance des économies africaines. Extraits.

Jeune Afrique/RFI : La pandémie de Covid a-t-elle freiné les investisseurs en Afrique ? Vous-même, avez-vous modifié vos plans ?

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Thierry Déau : La pandémie a plutôt accéléré les projets d’infrastructures, car elle a appelé des plans de relance.

À l’issue du premier confinement, les États africains ont eu besoin d’investissements pour rebondir sur le plan économique. En Côte d’Ivoire, le projet de centrale à biomasse, que nous menons avec EDF et Biokala [filiale du groupe Sifca] a connu une forte accélération. C’est également le cas, au Kenya, du projet de construction de l’autoroute Nairobi-Nakuru-Mau Summit.

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Lors du sommet de Paris, en mai dernier, le président Macron a souhaité que les pays développés donnent au continent une partie de leurs quote-parts de droits de tirage spéciaux pour mettre à leur disposition une enveloppe de 100 milliards de dollars. Ce dossier avance-t-il au FMI ?  

Sa directrice générale, Kristalina Georgieva, s’est prononcée en faveur de la réallocation des DTS aux pays les plus vulnérables. La nouvelle attitude du FMI et de ses actionnaires est très positive. Que l’institution tienne de tels propos est signe que les choses progressent.

La présence, notamment militaire, de la France en Afrique est régulièrement critiquée. Est-ce un problème pour l’investisseur que vous êtes

La France n’est pas la seule à avoir une présence militaire en Afrique. Elle y est à la fois pour protéger les populations et les États africains, mais aussi l’Europe. Elle n’est pas en mission colonisatrice. Pourtant, au travers des discours et des joutes politiques, elle est souvent prise en otage.

Il faut en rester aux faits. La France est un partenaire fidèle qui, ces dernières années, a changé sa relation avec le continent. Donc, non, cela ne me pose pas de problème.

L’Europe doit-elle faire cause commune avec les États-Unis pour contrer l’offensive économique chinoise en Afrique ?

L’Europe et les États-Unis doivent unir leurs forces pour aider le continent à se développer. Les Chinois procèdent autrement [en offrant des prêts au États]. Mais le développement des infrastructures ne doit pas entraîner un surendettement : le développement doit être soutenable.

Lisez le programme Build Back Better World, élaboré par le G7 [en réaction à l’offensive chinoise] : vous verrez qu’il préconise d’impliquer les investisseurs privés pour produire, grâce à de l’argent public, un effet de levier maximal. C’est par ces partenariats public-privé, en toute transparence et sans endettement monstrueux, que l’on pourra atteindre un développement durable. C’est une autre vision [que celle que propose la Chine].

Les responsables africains voient-ils cette initiative d’un bon œil ?  

Elle est bienvenue parce que c’est l’affirmation, peut-être pour la première fois au niveau du G7, de ce qui se fait déjà. Des agences bilatérales comme l’Agence française de développement (AFD) et ses équivalents américain (DFC) ou britannique (CDC) soutiennent déjà la structuration et le financement de projets. Le système est en place. Il faut maintenant accélérer la cadence et mobiliser plus de capitaux.

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