Signé George W. Bush

Publié le 11 février 2003 Lecture : 2 minutes.

On connaît l’histoire de ces escrocs nigérians devenus du jour au lendemain de généreux héritiers de dictateurs déchus. Leur procédé est aussi simple que grotesque, mais certains mordent à l’hameçon. Ils écrivent à des personnes triées sur le volet pour leur faire une proposition de transfert de millions de dollars, tirés de prétendus revenus pétroliers, de fonds onusiens immobilisés ou affectés à la reconstruction d’un pays à peine sorti d’un conflit. Ces élus du sort sont invités à envoyer, par retour du courrier, leurs coordonnées bancaires, accompagnées de papiers à en-tête vierges, préalablement signés, et de s’acquitter d’une modique somme (quelques milliers de dollars), indispensable, leur dit-on, à la réussite des opérations de transfert.
Après les (faux) enfants de Mobutu, Bokassa et Abacha, c’est au tour du président américain soi-même de s’essayer à une « arnaque à la nigériane ». Du moins, si l’on en juge par le contenu d’un courrier électronique parodique qui m’a été réacheminé, début février, par un ami sénégalais de Washington. « Je m’appelle George Walker Bush, fils de l’ancien président des États-Unis, George Herbert Bush, écrit l’actuel locataire de la Maison Blanche. Ce message vous surprendra d’autant plus que nous ne nous connaissons pas personnellement. Je me permets néanmoins de prendre contact avec vous pour vous proposer une opération financière qui requiert, croyez-moi, beaucoup de discrétion. »

Une fois passés ces salamalecs, « W », ou son clone électronique, se fait plus précis : « Mes partenaires – Dick Cheney et Condoleezza Rice – et moi-même sollicitons votre assistance pour mener à son terme le travail entrepris, il y a quelques années, par mon père, qui, comme chacun le sait, a contribué, lorsqu’il dirigeait la CIA, à l’établissement de bonnes relations entre notre pays et l’Irak de Saddam Hussein. Mon père, qui tire une bonne partie de sa fortune de l’industrie pétrolière, compte beaucoup d’amis fortunés au Moyen-Orient qui, en 1991, ont largement contribué à l’effort de guerre contre le même Saddam Hussein. Ceux-ci ne peuvent plus malheureusement nous apporter leur concours aujourd’hui. Nous pourrons donc être amenés à avoir quelques difficultés pour faire main basse sur le pétrole irakien. […] Je vous demande donc de me faire parvenir entre 10 % et 25 % de vos revenus, de préférence avant le 15 avril prochain. Bien entendu, vous récupéreriez ce prêt, bonifié, une fois le pétrole irakien passé sous notre contrôle. Croyez-moi, vous n’aurez pas à regretter votre geste. » Suivent les numéros de téléphone et de télécopieur (réels) de la Maison Blanche, ainsi que l’e-mail professionnel du président américain.
La force des escrocs nigérians, c’est de réussir, bien plus souvent qu’on ne peut l’imaginer, à plumer les gogos attirés par l’appât du gain facile. « W », qui veut coûte que coûte sa propre guerre contre l’Irak, connaîtra-t-il la même fortune ?

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