« Preuves » De Khartoum à Bagdad

Publié le 11 février 2003 Lecture : 1 minute.

En regardant Colin Powell présenter au Conseil de sécurité de l’ONU ses prétendues preuves pour justifier l’invasion programmée de l’Irak (voir p. 53), on ne pouvait s’empêcher de penser au discours tenu par les responsables américains pour légitimer le bombardement d’une usine pharmaceutique au Soudan en 1998.
L’administration Clinton avait alors prétendu que l’établissement fabriquait des « armes chimiques ». Le 20 août 1998, la flotte des États-Unis lançait treize missiles de croisière Tomahawk contre l’usine d’Al Shifa, dans une zone industrielle des environs de Khartoum. La cible était rasée, et ses environs sérieusement endommagés.
Avant le bombardement, les dirigeants de Washington avaient fait valoir que leurs renseignements étaient fiables et avaient produit comme preuve matérielle un prélèvement de terre. Aujourd’hui, tout le monde aux États-Unis s’accorde pour dire que les renseignements américains étaient faux. Washington n’a pas présenté d’excuses officielles, mais le Trésor américain a autorisé Saleh Idriss, un homme d’affaires saoudien propriétaire d’Al Shifa, à récupérer 24 millions de dollars déposés dans des banques américaines et qui avaient été gelés à l’époque. Une façon d’admettre que le bombardement était une erreur.
Avec l’Irak, l’administration Bush n’a même pas présenté de telles preuves matérielles, et le plaidoyer de Powell n’a convaincu que quelques inconditionnels de Washington, dont le gouvernement israélien.
Dans le cas du Soudan comme dans celui de l’Irak, les dirigeants de Washington sont fidèles à la tradition des cow-boys consistant à tirer d’abord, et à vérifier ensuite. Mais les ancêtres de George W. Bush ne pouvaient dégainer qu’un pistolet à la fois, alors que le président américain met actuellement en branle l’arsenal d’armes de destruction massive le plus puissant qu’on ait jamais connu.

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