France : Élisabeth Moreno, « Madame anti-discriminations »
Racisme, violences faites aux femmes… La ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les hommes et les femmes fait le point sur les actions que mène la France pour lutter contre ces fléaux. Interview.
Elle avait lancé, en avril dernier, une consultation citoyenne inédite sur les discriminations en France. Ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, Élisabeth Moreno entendait ainsi permettre aux internautes de donner leur avis sur l’efficacité des dispositifs de lutte existants, de se prononcer sur de nouvelles idées et de proposer les leurs, le tout en vue de la construction d’un plan national de lutte contre le racisme, qui sera prochainement mis en œuvre. Une réponse à ceux, nombreux, qui reprochent au gouvernement sa supposée frilosité en la matière et à ceux, tout aussi nombreux, qui voient dans toute dénonciation du racisme un acte de victimisation. Entretien.
Jeune Afrique : Le combat contre le racisme ne vous semble-t-il pas particulièrement difficile à mener en France ? Pourquoi cette cause divise-t-elle autant ?
Élisabeth Moreno : Je suis Africaine et née en Afrique. Avant d’occuper des responsabilités ministérielles en France, j’ai vécu et travaillé sur le continent – au Maroc et en Afrique du Sud –, ainsi qu’aux États-Unis et en Asie. Où que l’on vive, y compris en France, la xénophobie, le racisme et l’antisémitisme sont bien présents. Des personnes peuvent être humiliées, anéanties ou assassinées du simple fait de leur couleur de peau et de leur origine.
Il est assez surprenant qu’en 2021, alors même que les droits et les lois ont significativement évolué – certes, de manière inégale suivant les pays –, ces stigmatisations insupportables, qui constituent des atteintes graves à la dignité humaine, subsistent. En France, les peurs sont exacerbées par l’inquiétude de voir nos valeurs et nos modes de vie remis en question. Pourtant, la situation y est moins alarmante qu’ailleurs : j’ai vécu en Afrique du Sud, dans un pays où l’apartheid a laissé des traces douloureuses. Est-ce un combat difficile à mener ? Oui. Mais c’est aussi une cause importante à traiter, dans l’intérêt de notre cohésion nationale.
Le racisme reste néanmoins un sujet clivant…
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