La sécurité d’abord

Publié le 11 février 2003 Lecture : 2 minutes.

Le 31 janvier, Jean-Olivier Viout, avocat général de la cour d’appel de Grenoble, a requis des peines de prison avec sursis à l’encontre de dix militants anti-OGM. Coupables de destruction d’une parcelle de maïs transgénique en août 2001, les prévenus devront attendre jusqu’au 14 mars pour connaître leur sort. Mais d’ores et déjà, leurs noms sont venus allonger la liste de plus en plus longue des héros sacrifiés pour la cause. Même si l’avocat général a tout fait pour l’éviter : « Ne faisons pas des dix de Valence des victimes, a-t-il lancé dans son réquisitoire. Non, les dix de Valence ne doivent pas rejoindre dans notre martyrologe national les six bourgeois de Calais. »
Rompue à l’exercice de la médiatisation, la Confédération paysanne de José Bové a fait des prétoires l’une de ses tribunes de prédilection. Dénonçant avec efficacité « une technique non maîtrisée, introduite en douce et en force par les multinationales », elle a trouvé, auprès d’un public européen terrorisé par les veaux aux hormones, les vaches folles et autres poulets à la dioxine, un auditoire sensible et attentif.
Reste que les arguments en faveur de la sécurité alimentaire portent bien au-delà des frontières du Vieux Continent. Ces nouvelles peurs ne sont plus exclusivement un souci de riches. Même si, en Afrique, le concept de sécurité alimentaire concerne plus souvent la régularité des approvisionnements que leur innocuité, le cas de la Zambie prouve que les Africains peuvent aussi se soucier de la qualité du contenu de leur assiette.
En refusant le maïs transgénique offert par les Nations unies pour prévenir les risques de famine, Levy Mwanawasa, président de la Zambie, a remporté une première manche. Début novembre, après des mois de bagarre, le Programme alimentaire mondial a accepté de retirer les 15 000 tonnes de maïs génétiquement modifié destinées à Lusaka, et de les remplacer par des céréales plus classiques. Dans le même temps, l’Union européenne débloquait 28 millions d’euros pour aider le pays à acheter du maïs traditionnel. Cette victoire zambienne prouve que le Sud aussi peu se permettre, dans ce débat désormais planétaire, d’avoir une opinion. Et de s’y tenir.

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