RDC : « La plupart de nos prisons datent de l’ère coloniale »
Surpopulation, mauvais traitement, insalubrité… Les conditions de détention dans les prisons congolaises sont indignes. Albert-Fabrice Puela, ministre des Droits humains, le reconnaît sans doute. Et livre quelques pistes de solution.
Lorsqu’elle a été inaugurée, en 1958, la prison de Makala, à Kinshasa, était prévue pour accueillir 1 500 détenus. Fin juin 2021, elle en accueillait 8 391, selon la Fondation Bill-Clinton pour la paix (FBCP). Régulièrement dénoncées par les organisations non gouvernementales, les conditions de détention exécrables qui prévalent dans les prisons congolaises font régulièrement la une de la presse ou le buzz sur les réseaux sociaux.
Une vidéo, tournée le 3 juillet dans la prison de Kalehe, dans le Sud-Kivu, a particulièrement choqué. On y voit des détenus, souvent très jeunes, entassés les uns à côté des autres, à même le sol. En déshydratation avancée, ils sont pour la plupart inconscients, et une équipe médicale tente de les faire boire avec, pour seul équipement, une bouteille de plastique découpée en guise d’entonnoir et une cuillère en bois…
Ministre des Droits humains au sein du gouvernement de Sama Lukonde Kyenge, Albert-Fabrice Puela a accepté de revenir pour Jeune Afrique sur l’état des prisons congolaises. S’il reconnaît que la situation est catastrophique et que des mesures urgentes sont nécessaires, le ministre, qui a mené des visites dans plusieurs lieux de privation de liberté dans le pays, avance quelques propositions concrètes pour en finir avec ces prisons dignes de mouroirs.
Jeune Afrique : Vous avez visité plusieurs prisons, à Kinshasa – Ndolo et Makala – mais aussi dans le Kongo Central. Quel état des lieux dressez-vous aujourd’hui ?
La plupart de nos prisons existent depuis l’époque coloniale. Elles sont dans un état de délabrement avancé, en dehors de la prison de Luzumu, qui a été réfectionnée grâce à la coopération avec l’Union européenne. Pour notre pays, ce doit être la prison modèle : les prisonniers mangent trois fois par jour, ils y apprennent un métier. Mais cela contraste malheureusement avec toutes les autres prisons que j’ai visitées. Il y a un état de délabrement des bâtiments, d’abord. Les toits des cellules qui menacent de s’effondrer, des conditions d’hygiène déplorables, un manque de médicaments, un déficit en personnels soignants qui, pour ceux qui sont là, sont démotivés par le manque de primes.
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