La guerre des télévisions

Publié le 11 février 2003 Lecture : 2 minutes.

En prévision de la guerre américaine contre l’Irak, qui sera déclenchée, selon toute vraisemblance, au début de mars, un groupe d’hommes d’affaires saoudiens, koweïtiens et libanais s’apprête à lancer une nouvelle chaîne arabe d’information en continu. Créée au sein de MBC, une télévision généraliste saoudienne basée dans l’émirat de Dubaï, elle aura des correspondants en Irak et dans la plupart des capitales arabes et européennes, ainsi qu’à Washington. Budget prévu pour le lancement : 300 millions de dollars. Le démarrage est annoncé pour le 20 février, mais cette date pourrait être avancée si la guerre survenait avant, précisent ses promoteurs. La nouvelle chaîne a pour mission implicite d’atténuer l’effet mobilisateur de la chaîne qatarie Al-Jazira sur les opinions publiques dans la région, qui sont fortement opposées à la guerre. Les gouvernements arabes soutiennent, on le sait, les efforts diplomatiques en vue d’une solution pacifique de la crise irakienne. Ils seront néanmoins obligés de participer à la guerre, le moment venu, ne fût-ce qu’en accordant des facilités aux troupes américaines sur leurs territoires. Une position dont les téléspectateurs à Rabat, Le Caire, Riyad ou Sanaa auront du mal à saisir la cohérence et que la chaîne devra aider à expliquer, à défaut de pouvoir la justifier. Les responsables d’Al-Jazira, qui ont renforcé leur bureau de Bagdad, se disent convaincus que les autorités irakiennes choisiront leur chaîne pour diffuser leurs messages au reste du monde. Avec une part d’audience dans le monde arabe estimée à plus de 50 % et une réputation d’objectivité rarement démentie, ils peuvent voir venir la concurrence. Les Américains et les Britanniques, dont l’image s’est beaucoup détériorée ces deux dernières années dans le monde arabo-islamique, suivent avec beaucoup d’intérêt cette « guerre des chaînes ». Washington, qui a lancé, pour sa part, au lendemain des attentats du 11 septembre, Sawa, une station radio en langue arabe censée expliquer le point de vue de l’administration américaine à l’opinion publique du Proche-Orient, s’apprête à compléter son dispositif de communication en direction de la région par une chaîne de télévision en langue arabe appelée Middle East Television Network (METN). Dans le projet de budget de son gouvernement pour l’année 2004, présenté le 3 février, le président américain George W. Bush a prévu de consacrer un montant de 30 millions de dollars pour le lancement de cette chaîne, qui diffusera ses programmes à partir de l’année prochaine.

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