Ernest Yonli : « Le Burkina a déjà enregistré 100 000 rapatriements »

Publié le 11 février 2003 Lecture : 2 minutes.

Recettes d’exportation, flux financiers et accueil des ressortissants qui quittent la Côte d’Ivoire… Le Premier ministre burkinabè Ernest Paramanga Yonli, 46 ans, évoque les principales conséquences de la crise ivoirienne dans son pays.
J.A./L’INTELLIGENT : Peut-on déjà évaluer l’impact de la crise ivoirienne sur l’économie burkinabè ?
ERNEST PARAMANGA YONLI : Les conséquences varient selon les pays de la zone, mais tous sont affectés. Le Burkina, parce qu’il est le plus lié à la Côte d’Ivoire, n’est pas épargné. Notre taux de croissance devrait chuter d’au moins un demi-point pour l’année écoulée ; en termes de recettes, nous avons perdu 20 milliards de F CFA [environ 30 millions d’euros]. C’est normal, puisque 60 % des exportations du secteur primaire passent par le corridor ivoirien pour atteindre les ports. Ce chiffre atteint même les 100 % pour le coton. Nous encourageons aujourd’hui les opérateurs économiques à diversifier leurs circuits d’approvisionnement, en passant par le Ghana ou le Togo, mais cela demande du temps.

J.A.I. : La situation influe-t-elle sur les transferts d’argent effectués par les Burkinabè installés en Côte d’Ivoire ?
E.P.Y. : Trois millions de Burkinabè vivent et travaillent en Côte d’Ivoire ; c’est dire l’importance des capitaux qu’ils renvoient traditionnellement vers les familles restées au pays. En quatre mois de crise, ces flux ont baissé et le mouvement devrait encore s’accélérer puisqu’une grande partie des transferts ont normalement lieu après la principale récolte de cacao et que celle-ci est très perturbée. Tout cela a un impact sur la vie quotidienne de nos compatriotes qui dépendent économiquement des migrants. D’autant que toutes les provinces du pays sont concernées, même s’il est évident que les régions frontalières le sont tout particulièrement.

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J.A.I. : Comment faciliter le retour au pays d’une partie de vos ressortissants de Côte d’Ivoire ?
E.P.Y. : Entre le 19 septembre 2002 et la fin janvier 2003, nous avons enregistré 100 000 retours. Des personnes qu’il nous faut recevoir et assister. C’est l’objectif du plan Bayiri, « Retour à la mère patrie ». Il prend notamment en charge l’accueil, la vaccination et les frais de transport des rapatriés et leur fournit une aide aux démarches administratives. Nous avions en fait envisagé trois hypothèses : si le nombre des retours restait sous la barre des 125 000, il nous fallait mobiliser 8 milliards de F CFA, dont 90 % étaient pris en charge par les bailleurs de fonds internationaux. Au-delà, pour 250 000 retours, la somme montait à 16 milliards et, mécaniquement, à 32 milliards si 500 000 Burkinabè devaient rentrer. Nous sommes pour le moment restés au-dessous de l’hypothèse la plus basse mais quoi qu’il arrive, nous sommes prêts.

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