Tunisie – Saïda Ounissi : « Kaïs Saïed joue avec le feu et c’est extrêmement inquiétant »

Après que le président tunisien a gelé les travaux de l’Assemblée et écarté le chef du gouvernement, plusieurs voix dénoncent un coup d’État. C’est le cas notamment d’Ennahdha, dont l’ex-ministre Saïda Ounissi est députée.

La députée d’Ennahdha Saïda Ounissi au Bardo, le 16 mars 2015. © Ons Abid pour JA

La députée d’Ennahdha Saïda Ounissi au Bardo, le 16 mars 2015. © Ons Abid pour JA

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Publié le 27 juillet 2021 Lecture : 5 minutes.

Les appels au dialogue se multiplient après le coup de théâtre que vit la Tunisie depuis le 25 juillet. À la suite de mois de blocage entre les deux têtes de l’exécutif et de manifestations réclamant la dissolution du Parlement dans plusieurs villes du pays, le président Kaïs Saïed a décidé de geler les travaux de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) pour trente jours et de limoger le chef du gouvernement, Hichem Mechichi. Une feuille de route et la nomination d’un nouveau chef de cabinet sont encore attendues. En réaction à ces mesures, des scènes de joie ont eu lieu à travers le pays.

De nombreuses voix s’inquiètent, au contraire, du monopole que s’octroie le chef de l’État sur les pouvoirs exécutif et judiciaire. Plusieurs partis critiquent ses décisions, qu’ils estiment anticonstitutionnelles. La principale formation de l’hémicycle, Ennahdha (à référentiel islamique), dénonce même un « coup d’État ». Plusieurs de ses députés et son chef, Rached Ghannouchi, le président de l’ARP, ont entamé un sit-in devant ses grilles tenues par l’armée. Parmi eux, Saïda Ounissi, ex-ministre et députée de la première circonscription de France du parti à la colombe.

Jeune Afrique : En tant que députée, comment vivez-vous la fermeture des grilles de l’ARP annoncée pour 30 jours ?

Saïda Ounissi : Je m’y suis rendue dès lundi matin comme d’autres députés et l’armée nous a interdit l’accès de l’ARP qu’elle encercle comme dans une vulgaire dictature soviétique. Nous n’avons pas été notifiés personnellement de ces choix en tant qu’élus mais nous en avons eu connaissance par voie de presse, ce qui rend les choses symboliquement plus violentes et inquiétantes. Geler ou interdire l’accès au pouvoir législatif et le confisquer de cette manière est extrêmement inquiétant pour l’avenir démocratique de la Tunisie.

Bien s’informer, mieux décider

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