Commerce et terrorisme

Washington s’efforce de promouvoir le libre-échange dans le monde. Une stratégie dont les pays musulmans sont exclus.

Publié le 11 février 2003 Lecture : 1 minute.

La politique commerciale des États-Unis « menace, plus qu’elle ne soutient, la guerre contre le terrorisme ». Edward Gresser, directeur du Progressive Policy Institute (PPI, basé à Washington), ne s’embarrasse pas de précautions. L’administration Bush, écrit-il dans son rapport paru le 5 février, dit vouloir « lutter contre les terroristes en promouvant croissance et intégration économiques. Mais, dans les faits, le monde musulman ne figure pas parmi ses priorités commerciales. »
Les chiffres lui donnent raison. Les 57 pays membres de l’Organisation de la conférence islamique ont reçu, en 2001, 13,6 milliards de dollars d’investissements directs étrangers (IDE). Soit à peine plus que les 12,7 milliards dont a bénéficié la Suède. Plus inquiétant encore, souligne le PPI : les 30 pays musulmans qui n’appartiennent pas à l’Asie du Sud ont vu leur part dans les exportations mondiales chuter de 75 % depuis les années quatre-vingt.
D’ici à 2005, Washington espère promouvoir le libre-échange avec 48 pays d’Afrique subsaharienne dans le cadre de l’Agoa (l’African Growth and Opportunity Act) et avec l’Amérique latine. Une stratégie dont le monde musulman, Maroc et Jordanie exceptés, est pour le moment exclu. D’abord parce que les barrières commerciales érigées par lesdits pays demeurent dissuasives et que plusieurs tels que l’Irak, l’Iran ou la Libye font l’objet de sanctions internationales. Enfin, parce que nombre d’entre eux (c’est le cas de la moitié des 22 pays membres de la Ligue arabe) ne font pas partie de l’Organisation mondiale du commerce. Résultat : « Beaucoup de pays musulmans sont plus pauvres et plus isolés qu’ils ne l’étaient en 1980. […] Un tel contexte aide les groupes terroristes à trouver de nouvelles recrues. »
Le PPI, lui, n’entend pas en rester là et propose d’intégrer le monde musulman au commerce mondial. Un programme ambitieux, mais difficilement réalisable puisque conditionné au respect des droits de l’homme, à la lutte contre la corruption, à la traque des membres d’el-Qaïda et au « non-soutien » aux autres groupes terroristes.

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