Combat salutaire

Publié le 11 février 2003 Lecture : 1 minute.

Dans le doute, mieux vaut s’abstenir. En tout cas, le président zambien Levy Mwanawasa n’entend pas troquer la dignité de sa population contre la camisole de l’assistance alimentaire, fût-elle gratuite, sans avoir la certitude qu’elle ne porte pas préjudice à la santé de ses concitoyens. En d’autres termes, il rechigne à admettre que les Zambiens soient comparés à des gallinacés, picorant sans discernement. C’est donc en toute logique qu’il vient de refuser du maïs transgénique offert par le PAM. Il faut dire que c’est presque une particularité de cette partie australe de notre continent. Pendant que les autres dirigeants somnolent dans une insouciance coupable, « l’autre Afrique » ne manque jamais une occasion de se rebeller. Ainsi, tandis que Robert Mugabe croise le fer avec les fermiers blancs et que Thabo Mbeki s’en prend aux multinationales pharmaceutiques, c’est au tour du président zambien de s’insurger contre l’ingérence alimentaire qui, en dépit de ses objectifs parfois nobles, n’en constitue pas moins un vecteur d’aliénation. Le combat du président zambien est d’abord moral. Et quelle que soit son issue, il aura marqué d’une pierre blanche le refus d’une certaine génération de responsables africains de présenter de l’Afrique l’image d’une poubelle l’on parachute des vivres que les populations du Nord ont longtemps diabolisés. Mais le combat de la Zambie est aussi politique. Politique parce qu’il invite l’Afrique à s’affranchir du Nord dans un domaine aussi stratégique que celui de l’alimentation, à avoir une autre vision que celle de l’éternelle assistée.

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