Arrêtez le massacre en Terre sainte !

Accaparée par les crises irakienne et ivoirienne, la communauté internationale semble avoir oublié le conflit israélo-palestinien. Et son lot de victimes quotidiennes.

Publié le 11 février 2003 Lecture : 3 minutes.

Des États-Unis à l’Europe en passant par l’Afrique, les opinions publiques ont été, ces derniers temps, tellement sollicitées par les crises irakienne et ivoirienne qu’a été beaucoup trop délaissé – sinon oublié – le conflit israélo-palestinien. Pourtant, sur la « Terre sainte », qui devrait être un lieu de paix, la situation n’a jamais été aussi catastrophique. Chaque jour, des innocents sont tués ou blessés : parfois ce sont des Israéliens, victimes d’attentats dont les auteurs meurent en voulant donner la mort ; plus souvent, ce sont des Palestiniens – et parmi eux beaucoup d’enfants – qui tombent sous les balles ou les bombardements de l’armée d’occupation.
Jusqu’à quand la communauté internationale se contentera-t-elle de « déplorer » ces événements ou de condamner les violences sans rien faire pour les empêcher ? Cette situation est d’autant plus absurde – et inacceptable – que, mis à part un certain nombre d’extrémistes de l’un et de l’autre camp, tout le monde sait que la seule façon de mettre fin à cet interminable conflit, c’est de reconnaître « l’existence de deux États souverains vivant côte à côte en sécurité ». Ce principe étant acquis, il faut, certes, en préciser les conditions et les modalités. Mais pourquoi attendre encore pour agir, en semblant trouver normal que, chaque jour, la radio et la télévision nous annoncent qu’à Jérusalem, en Cisjordanie, à Gaza, ont été tués des innocents, comme s’il s’agissait là d’une information aussi banale que le bulletin de la météo.
Il dépend aujourd’hui d’un certain nombre de responsables politiques de mettre fin à ce drame. En auront-ils l’intelligence et le courage ?
Le premier et principal acteur, c’est – ou ce devrait être – l’ONU. Il n’y a aucune raison pour que le Conseil de sécurité, qui impose ses résolutions avec tant de rigueur en Irak, se montre aussi complaisant envers le gouvernement israélien.
Cette situation anormale tient, bien entendu, à l’attitude des États-Unis qui n’ont cessé, ces dernières années, d’appliquer la politique des « deux poids, deux mesures ». Le soutien de Bush à Sharon est d’autant plus scandaleux que le président Bush se proclame, la main sur le coeur, le grand prédicateur de la morale universelle. Il est temps que cette hypocrisie soit dénoncée plus vigoureusement qu’elle ne l’a été jusqu’ici.
Les pays européens doivent donc intervenir davantage. Jusqu’ici, ils se sont trop souvent contentés de « déplorer » la politique israélienne. Ils n’ont pas eu le courage de prendre des mesures concrètes pour obtenir une modification de cette politique.
Les pays arabes, eux aussi, qui ont réussi à élaborer ensemble le plan de paix de Beyrouth (mars 2002), doivent maintenant s’attacher à le mettre en oeuvre. Avec l’Europe – qui a approuvé ce plan -, ils peuvent et doivent constituer une force politique capable de s’opposer à l’impérialisme des États-Unis et à l’intransigeance de l’État d’Israël. En adoptant une telle attitude, les gouvernements arabes auraient d’ailleurs le soutien total de leurs peuples.
Mais s’il appartient essentiellement aux politiques d’agir pour mettre fin au conflit israélo-palestinien, les responsables religieux doivent, eux aussi, y contribuer. En effet, si ce conflit est d’ordre politique et non confessionnel, il implique – qu’on le veuille ou non – une dimension religieuse. On sait, à ce propos, avec quelle lucidité et quel courage des responsables religieux tels que l’évêque palestinien Mgr Michel Sabbah dénoncent l’injustice. Mais il faut bien reconnaître que certains prélats et certains rabbins semblent avoir oublié que la foi en Dieu est un appel à chercher la justice.
Enfin, trop rares ont été, ces dernières années, les « intellectuels » qui ont élevé la voix pour que revienne enfin la justice, condition de la paix, au Proche-Orient comme partout ailleurs. Pour ne parler que de la France, il est triste de constater que beaucoup d’écrivains, habituellement attentifs au respect des droits de l’homme, restent silencieux face à l’injustice subie par le peuple palestinien. On a même assisté, ces derniers temps, à toute une campagne médiatique, accusant – ou soupçonnant – « d’antisémitisme » ceux qui dénoncent la répression contre les Palestiniens.
En réalité, c’est le soutien apporté par beaucoup de personnalités et organisations juives à la politique israélienne qui risque – hélas ! – de susciter, à nouveau, un odieux antisémitisme. Heureusement, partout dans le monde, des voix juives s’élèvent pour dénoncer les options et méthodes de Sharon. Leur engagement, s’ajoutant à celui de tous les autres, revêt une importance particulière. Il est essentiel, en effet, de dénoncer et de rejeter l’amalgame entre soutien aux Palestiniens et antisémitisme si l’on veut que cesse en Terre sainte le massacre des innocents.

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