Applications concrètes

Ce que l’ agriculture tropicale peut raisonnablement attendre des manipulations génétiques.

Publié le 11 février 2003 Lecture : 2 minutes.

L’agriculture des pays du Sud, malgré de grands progrès accomplis ces dernières décennies, est confrontée à plusieurs problèmes graves, dont l’érosion des terres et l’usage abusif des pesticides. Dans cette perspective, l’utilisation des OGM n’apparaît que comme une technique parmi d’autres pour les centres de recherche en agronomie. Par ailleurs, comme le précise Denis Despréaux, directeur du département des cultures pérennes au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) : « Il faut distinguer les OGM purs et durs, où sont mélangés les gènes entre espèces, par exemple des gènes de la carotte avec ceux du riz, et les techniques douces d’OGM qui consistent à mélanger les gènes à l’intérieur d’une même espèce, ce que nous privilégions. L’enjeu, dans ce dernier cas, est d’accélérer un processus de croisement qui, avec les techniques traditionnelles, nécessiterait de très nombreuses générations avant d’obtenir la bonne variété. »
Des variétés transgéniques n’ont été commercialisées que pour les plantes annuelles. Leur cycle de reproduction très court accélère en effet les recherches. Ainsi, il existe déjà aux États-Unis, pour le coton, le riz, le soja ou le maïs, des cultures à grande échelle de variétés génétiquement modifiées. En revanche, la canne à sucre est un cas difficile à traiter en génie génétique. Son génome est complexe et il en existe de très nombreuses variétés. L’amélioration de sa culture passe davantage, en fonction des conditions locales, par une mécanisation du désherbage et par une spécification plus fine des méthodes agricoles, comme la distance à respecter entre les rangées et le temps séparant deux récoltes.
« En dix ans, nous sommes passés d’une volonté de productivisme à une volonté agroécologique, ajoute Denis Despréaux. Ces techniques ne sont qu’une partie d’un ensemble. » Il existe d’autres innovations en dehors du génie génétique, comme l’enrobage des semences par une préparation d’engrais et de pesticides. Ces produits se diffusent peu à peu dans la plante au cours de sa croissance, minimisant ainsi la pollution chimique. Une autre biotechnologie, développée depuis une vingtaine d’années, consiste à fabriquer des « vitroplants ». Ce sont des plants reproduits in vitro avec des caractéristiques génétiques contrôlées. Cette application aux cultures dites pérennes où chaque génération de plante dure plusieurs années (caféier, cacaoyer, cocotier ou hévéa) est particulièrement intéressante dans la mesure où l’arrivée de variétés génétiquement modifiées n’est pas pensable avant quinze ou vingt ans. Dans le cas du bananier, les vitroplants sont déjà largement diffusés. D’après le Cirad, ses avantages consistent « en une meilleure résistance sanitaire et en une homogénéité de la plantation qui facilite la conduite de la bananeraie ». Mais ces recherches ont un coût qui se répercute pour le producteur à l’achat des plants, et ce surcoût n’est que partiellement compensé par le faible usage des pesticides. Les vitroplants qui sont opérationnels pour d’autres espèces comme le caféier, l’hévéa ou le palmier à huile ne pourront être généralisés que si les États aident financièrement les producteurs.

À lire : Les Biotechnologies en débat, Suzanne de Cheveigné, Daniel Boy et Jean-Christophe Galloux, éd. Balland, Paris, 2002.

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