Addis-New York, même combat ?

Publié le 11 février 2003 Lecture : 2 minutes.

Le communiqué final de l’Organe central de l’Union africaine (UA) sur la crise en Côte d’Ivoire, rédigé tard dans la soirée du 3 au 4 février, a pris, à peine quelques heures plus tard, un sérieux coup de vieux. Parce que le 4 février, sur le même dossier, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté, à l’unanimité, la résolution 1464, en des termes suffisamment forts et clairs que le texte de l’Organe central s’en trouve bien terne.
Comme à l’accoutumée, l’institution panafricaine est restée dans ses rondeurs diplomatiques. Ainsi s’est-elle « félicitée de la signature de l’accord de Marcoussis » alors que le Conseil de sécurité « fait sien » le même document. Les deux instances condamnent, certes, les graves violations des droits de l’homme. Mais à Addis-Abeba, on se contente d’interpeller vaguement « toutes les parties », cependant qu’à New York on est autrement plus précis, avec un « toutes les parties, notamment le gouvernement », qui se veut sans appel.
L’Afrique en est encore à demander une enquête de sa Commission des droits de l’homme et des peuples (sa première enquête remonte, selon le rapport d’Amara Essy, au… 16 décembre à Kara, au Togo). Le Conseil de sécurité en est déjà à « la nécessité de traduire en justice les responsables » des exactions commises en Côte d’Ivoire.
Tous ceux qui suivent ce dossier savent que la formation du gouvernement de « réconciliation nationale », avec l’attribution de portefeuilles stratégiques aux rebelles, constitue un des principaux obstacles à la mise en oeuvre de l’accord de Marcoussis. L’UA élude la question, alors que le Conseil de sécurité en prend note et « appelle les forces politiques ivoiriennes à travailler avec le président et le Premier ministre [Seydou Elimane Diarra, NDLR] à la mise en place d’un gouvernement équilibré et stable ». Le Conseil va encore plus loin – ce qui ternit davantage le communiqué de l’Organe central. Sa résolution 1464 autorise les États participant à la force de la Cedeao (donc à des pays africains) ainsi qu’aux militaires français de l’opération Licorne à recourir, si besoin, à la force pour assurer, « sans préjudice des responsabilités du gouvernement de réconciliation nationale, la protection des populations civiles immédiatement menacées de violences physiques […] pour une période de six mois ». À l’issue de cette période, le Conseil de sécurité devrait évaluer la situation, sur la base de rapports établis par la Cedeao et la France, destinés au secrétaire général des Nations unies, et renouveler (le cas échéant) ce mandat. Mais, même si cela n’excuse en rien tout le reste, il serait difficile de reprocher à l’UA une quelconque timidité sur le recours à la force qui demeure une prérogative exclusive du Conseil de sécurité.

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