Un « plan Marshall » n’est pas la solution pour l’Afrique

Publié le 10 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

L’Histoire accorde au soutien américain le crédit d’avoir posé les fondations de la paix et de la prospérité en Europe de l’Ouest après la guerre. Étant donné la victoire de ce que le secrétaire d’État George Marshall appelait le combat contre « la faim, la pauvreté, le désespoir et le chaos », il est facile de supposer que l’on pourrait faire la même chose pour l’Afrique, si seulement nous parvenions à susciter un effort similaire.

Le plan Marshall a en effet permis de rassembler un montant sans précédent d’aide étrangère. Le gouvernement américain a transféré 13 milliards de dollars – l’équivalent d’environ 85 milliards de dollars actuels – en Europe, de 1948 à 1951, essentiellement en Grande-Bretagne, en France, en Italie et dans l’Allemagne occupée par les Alliés. Mais, même à son apogée, l’aide n’a jamais représenté plus de 3 % des économies récipiendaires.
Par comparaison, l’Afrique est déjà relativement bien lotie. Le continent bénéficie d’une contribution au développement évaluée à 8 % du Produit intérieur brut. Excluez l’Afrique du Sud et le Nigeria, l’aide grimpe à 13 % du PIB – quatre fois plus que le plan Marshall à son apogée – pour les autres pays.
De surcroît, l’aide à l’Europe a été très éphémère – l’ensemble des fonds ont été déboursés en seulement quatre ans. En Afrique, où certains pays entrent dans leur cinquième décennie de dépendance à l’aide, une diminution n’est guère envisageable à court terme.

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Autre différence cruciale : l’assistance à l’Europe concernait la reconstruction. Elle a couvert des pénuries alimentaires temporaires et permis de réparer les infrastructures et les industries qui avaient déjà donné aux Européens un niveau de vie élevé. Même si le capital physique européen était en ruine, le riche capital humain et l’expérience de l’économie de marché étaient intacts. L’aide accordée à l’Afrique concerne, elle, essentiellement la construction, pas la reconstruction. C’est une tâche de long terme et l’on ne doit pas s’attendre à des résultats rapides.
La bataille de l’Afrique contre la pauvreté dépendra, en fin de compte, de ses peuples et de ses dirigeants. La communauté internationale peut les soutenir en ouvrant les marchés, en favorisant l’investissement privé ainsi qu’une meilleure aide au développement. Évoquer un plan Marshall idéalisé, c’est faire de la politique. Mais cela conduit à exagérer l’efficacité de l’aide – et encourage une approche inappropriée des défis du développement pour l’Afrique.

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