Quand les caméras seront loin

Publié le 10 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

Comme toujours, ce sont les pauvres qui ont le plus perdu dans la catastrophe. Les classes moyennes ont des polices d’assurance, des économies et une famille vers laquelle se tourner en cas d’urgence.
Les pauvres, eux, n’ont pas de filet de sécurité.
Les rivages de l’océan Indien sont sans doute un paradis pour touristes, mais ils sont aussi un refuge pour des gens qui y vivent de la pêche. D’où la prolifération des bicoques et des cabanes détruites par le raz-de-marée. Pourquoi ces populations sont-elles si pauvres et si mal protégées ? En partie parce qu’elles vivent dans des régions exposées aux désastres naturels, bien que, de mémoire d’homme, il n’y en ait jamais eu d’une telle ampleur. Mais, surtout, par la faute des pouvoirs publics. Très souvent, les tremblements de terre auraient causé moins de ravages si les immeubles édifiés par des dirigeants corrompus n’avaient pas été en carton-pâte.
L’aide d’urgence n’est que la première étape de l’immense effort qui sera nécessaire pour redonner des conditions de vie normales à ces communautés sinistrées. On se précipite pour empêcher que la liste des morts ne s’allonge. On fait venir de l’eau potable, de la nourriture, des abris et des médicaments. On apportera, ensuite, aide et assistance à ceux qui ont tout perdu jusqu’à ce qu’ils soient capables de subvenir à leurs besoins. Plus tard, il faudra reconstruire les routes et les ponts, rétablir l’approvisionnement en eau et en électricité.

Mais le vrai défi sera d’assurer aux survivants – dont l’existence était bien souvent misérable avant le désastre – de vrais moyens d’existence. Il faudra donc s’attaquer aux causes de la pauvreté, améliorer la santé et l’éducation et mettre fin à la discrimination politique à l’égard des minorités et des pauvres.
Ce n’est pas ce que les gouvernements font le mieux. L’aide d’urgence est plus spectaculaire que la reconstruction à long terme. L’attention de l’opinion se détournera bien avant la dernière ligne droite. L’essentiel des fonds viendra, cependant, des pays les plus riches : États-Unis, Europe et Japon. Mais ces derniers apporteront-ils de l’argent frais ou se contenteront-ils de transférer leur aide d’un point du globe à un autre ?
De l’Afrique à Banda Aceh, par exemple ? C’est déjà ce qui s’est passé l’an dernier, quand 1,6 milliard de dollars ont été affectés à l’Irak, largement au détriment de besoins moins spectaculaires, en Afrique.

la suite après cette publicité

Quoi qu’en disent les conservateurs de Washington, les Nations unies sont la seule organisation capable d’assurer la coordination entre les diverses aides. Ce n’est pas parfait, mais il n’y a pas mieux. Encore faudra-t-il que l’argent arrive.
L’ONU devra aussi veiller à ce que l’aide aille à ceux qui en ont le plus besoin, pas seulement aux protégés des autorités locales. Qu’en sera-t-il des factions en guerre au Sri Lanka et en Indonésie ? Les Tamouls, d’un côté, refusent de coopérer. Les rebelles d’Aceh ont ordonné un cessez-le-feu. L’ONU doit veiller à ce que l’aide reste neutre.
Devant un désastre d’une telle ampleur, il est normal que le monde entier se mette à l’unisson pour apporter de l’aide, et pas seulement pour quelques mois. Les gros titres disparaîtront. L’effort doit se poursuivre.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires