Tunisie – Rached Ghannouchi : « Nous devons faire confiance à la démocratie, pas réveiller nos vieux démons »
Le chef du parti Ennahdha dénonce la concentration des pouvoirs entre les mains du président Kaïs Saïed et dit craindre un retour à la dictature.
![Le président de l’Assemblée dans son bureau de l’ARP, le 21 février 2020. © Nicolas Fauqué/www.imagesdetunisie.com](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2021/07/30/jad20210730-mmo-tunisie-rachedghannouchi.jpg)
Le président de l’Assemblée dans son bureau de l’ARP, le 21 février 2020. © Nicolas Fauqué/www.imagesdetunisie.com
Gel des travaux de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) pour trente jours, levée de l’immunité des députés, limogeage du chef du gouvernement, chasse à la corruption, mobilisation de l’armée devant des points stratégiques de la capitale… Le coup de poing sur la table du chef de l’État tunisien, Kaïs Saïed, le 25 juillet, n’est pas du goût de plusieurs partis, dont la formation à référentiel islamique Ennahdha, qui craint des dérives autoritaires.
Les sources de désaccord se multiplient. Toutes les décisions annoncées dimanche soir par le président de la République sont « nulles et non avenues », a souligné, lundi, le bureau de l’ARP, qui a même appelé les forces de sécurité et l’armée à « se tenir aux côtés du peuple tunisien » et à « protéger la Constitution ».
Le leader d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, également président de l’ARP, a accepté de répondre à Jeune Afrique. Il dénonce des mesures contraires à la Constitution, évoque les menaces qui pèsent sur la jeune démocratie d’un pays en transition depuis la révolution de 2011 et craint que les démons de l’ancien régime ne refassent surface. Il s’inquiète par ailleurs des risques d’aggravation de la crise économique et de la crise sanitaire.
Dans ce contexte tendu et incertain, Ghannouchi n’exclut pas des élections anticipées et l’amendement de la loi électorale. Il appelle en priorité le chef de l’État à dialoguer avec toutes les forces en présence, pour esquisser des solutions pérennes.
Jeune Afrique : La crise entre les deux têtes de l’exécutif a duré plusieurs mois, des ministères clef ont été assurés par des ministres de transition en pleine pandémie et crise économique… Le point de blocage était manifeste. Vous attendiez-vous pour autant à de telles décisions de la part de Kaïs Saïed ?
Rached Ghannouchi : Il est vrai que le désaccord entre le président et le Premier ministre a aggravé les problèmes du pays. Le précédent gouvernement n’ayant pas réussi à résoudre la crise sanitaire et la crise économique, nous avons récemment appelé à son remaniement. Nous avons même fait quelques pas pour en discuter avec la présidence. Nous avons donc été surpris lorsque le chef de l’État a fait son annonce. Les mesures qu’il a prises ne peuvent pas être la solution à la crise que traverse le pays, elles pourraient au contraire l’aggraver.
Vous avez dénoncé un « coup d’État ». En quoi les décisions prises par le président sont-elles anticonstitutionnelles, à votre sens ?
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