Les rendez-vous politiques de 2005

Après le triomphe du président et de son parti en octobre 2004, les échéances électorales de l’année offrent à l’opposition de nouveaux tests de crédibilité.

Publié le 10 janvier 2005 Lecture : 4 minutes.

Peut-on faire encore de la politique en Tunisie ? Non, répondent les opposants radicaux, qui citent, à l’appui de leur affirmation, les résultats des élections présidentielle et législatives du 24 octobre dernier, à l’issue desquelles le président sortant, Zine el-Abidine Ben Ali, a été élu pour un quatrième mandat avec 94,49 % des voix, alors que son parti, le Rassemblement constitutionnel démocratique, a raflé la totalité des 152 sièges à pourvoir, à la majorité simple, dans les 26 circonscriptions, n’abandonnant aux partis d’opposition que 37 sièges attribués, à la proportionnelle, au niveau national. Une si écrasante domination du parti au pouvoir ne laisse pas, il est vrai, une grande marge de manoeuvre aux formations de l’opposition. Mais faut-il pour autant baisser les bras ?
Certainement pas, disent les partisans d’une participation volontaire aux échéances politiques nationales, quel que soit l’état des forces en présence. Car, disent-ils, la politique de la chaise vide a démontré son inefficacité. À preuve : l’appel au boycottage des dernières élections, lancé par certains opposants démocrates de gauche et islamistes, n’a pas eu l’impact escompté. Au contraire, cet appel à la démission a ajouté du vide au vide, ouvrant même un boulevard devant le président sortant et son parti.
Reste l’Initiative démocratique, qui a été lancée, à grand renfort de déclarations optimistes, par un groupe de personnalités indépendantes rassemblées autour du parti Ettajdid (la « Rénovation », 3 sièges à l’Assemblée). Si elle n’a pas changé la donne politique dans le pays – son candidat à la présidence, le philosophe Mohamed Ali Halouani, a été crédité officiellement de 0,95 % des voix -, elle a néanmoins constitué un petit événement, tirant le « microcosme tunisois » et les Tunisiens en général de leur léthargie habituelle.
Réunis à Tunis, les 18 et 19 décembre dernier, pour faire le bilan de leur mouvement et étudier les moyens de lui donner un avenir, les tenants de cette Initiative ont exprimé des positions assez divergentes sur nombre de questions. Ils se sont mis d’accord cependant sur la nécessité de poursuivre le combat en faveur d’une plus grande participation politique. « Même si la marge laissée par le pouvoir reste très réduite », ont-ils ajouté dans un communiqué rendu public à cette occasion.
Certes, le président Ben Ali et son gouvernement sont assurés de gouverner, durant les cinq prochaines années, avec une confortable majorité. La politique est-elle « morte » pour autant en Tunisie, comme l’a affirmé récemment le leader du parti islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, qui vit en exil à Londres ? Non, bien sûr. Car de nouvelles échéances politiques se profilent à l’horizon. Elles pourraient être l’occasion d’accélérer le processus démocratique, sans pour autant porter atteinte à la dynamique de progrès à l’oeuvre dans le pays depuis une quinzaine d’années.
Parmi ces échéances : les élections municipales de mai 2005, qui devraient mettre en jeu quelque 4 000 sièges de conseillers municipaux. Pour les partis de l’opposition, qui sont très mal représentés à l’échelle des communes, où se gagnent – et se perdent – souvent les grandes batailles politiques, ce rendez-vous constituera un nouveau test de crédibilité. Autre rendez-vous politique, la mise en place, avant fin juin 2005, de la Chambre des conseillers, dont la création a été décidée par l’amendement constitutionnel adopté par référendum le 26 mai 2002. Cette seconde chambre parlementaire comptera un peu plus de 120 sièges – le nombre exact n’est pas encore déterminé. Le tiers des conseillers sera constitué de « sages », qui seront choisis par le président de la République sur la base de leurs compétences et de leur rayonnement. Un deuxième tiers sera élu à l’échelle régionale, à raison de 1 ou 2 représentants par gouvernorat (préfecture), au prorata du nombre d’habitants. Le troisième tiers reviendra aux représentants des organisations nationales et de la société civile (centrale patronale, syndicat ouvrier, organisations des agriculteurs, des femmes, de la jeunesse, etc.).
Troisième échéance importante : la tenue, du 16 au 18 novembre 2005, du second volet du Sommet mondial de la société de l’information (SMSI), organisé par l’Union internationale des télécommunications (UIT). Le premier volet, qui s’est tenu du 10 au 12 décembre 2003, à Genève, avec la participation de 175 pays, 50 présidents, vice-présidents et chefs de gouvernement et 11 000 représentants des cercles des affaires et de la société civile, n’a pas débouché sur des propositions concrètes pour combler le fossé numérique séparant le nord et du sud de la planète. La Tunisie, porte-voix des pays du Sud dans ce débat international, espère faire mieux au cours de la rencontre de Tunis. Pour y parvenir, elle doit d’abord couper court aux critiques émanant des organisations internationales de défense des droits de l’homme, qui lui reprochent notamment de limiter la liberté de presse et l’accès au réseau Internet. Des mesures en ce sens ont déjà été prises au cours des derniers mois. Les observateurs s’attendent à davantage d’ouverture du champ médiatique tunisien dans les mois à venir.

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