Le Japon arrive en Afrique
Publié le 10 janvier 2005 Lecture : 1 minute.
Le Japon est à la mode : Cameroun, Dahomey, Guinée, Tchad, Centrafrique et Madagascar ont signé des accords commerciaux. Côte d’Ivoire, Mali, Mauritanie, Sénégal, Haute-Volta (où 6 ingénieurs japonais étudient les réserves de manganèse), Gabon et Congo-Brazza vont en faire autant. C’est un fait nouveau : jusqu’à présent, l’aide technique japonaise (17 experts, 100 bourses d’étudiants) se manifestait surtout au Ghana, au Nigeria, au Kenya, au Tanganyika, d’expression anglaise, en Éthiopie et au Mali (où les Japonais voulaient contrer la Chine). Les investissements privés consistaient en usines textiles au Nigeria et au Ghana, en mise en valeur de gisements de fer au Swaziland.
Pourquoi cette offensive japonaise ? Pourquoi Tokyo veut-il être représenté à la CEA (Commission économique pour l’Afrique ? Pourquoi demande-t-il que les pays africains
renoncent à l’article 35 du GATT et ne frappent plus les produits japonais de droits triples de « ceux de la nation la plus favorisée » ?
Tokyo ne vend encore, en Afrique, que pour 50 millions de FF. Il désire doubler ce chiffre, comme il entend doubler les 450 millions de DM de son commerce avec l’Europe.
C’est que le Japon connaît un boom industriel étonnant. Sa production d’acier a augmenté de quinze fois en trente-quatre ans. Il est le premier constructeur de navires du monde, le quatrième armateur, le second producteur de camions, le premier de postes de TV, d’appareils photos, de caméras, le troisième de ciment, le cinquième en engrais, papiers et pétrochimie, un des tout premiers en électronique. Sa balance commerciale est déficitaire, mais l’afflux des capitaux américains rend excédentaire celle des paiements. Et, comme l’économie japonaise est étroitement assujettie à celle des USA, dont une récession aurait, pour Tokyo, les pires conséquences, ce pays doit, à tout prix, trouver de nouveaux débouchés. Il veut vendre ses textiles, ses produits mécaniques, électroniques.
Les nations africaines doivent savoir, en discutant avec les Nippons, qu’elles ont affaire à de remarquables fabricants, mais aussi à des gens qui ont absolument besoin de vendre…
