Covid-19 : « Il faudra deux ans pour que l’Afrique produise ses vaccins »

Selon une étude publiée en juin, la prévalence du coronavirus sur le continent est largement sous-évaluée. Entretien avec l’un des auteurs, Ahidjo Ayouba, chercheur à l’université de Montpellier.

 » Il faut adapter localement les tests sérologiques, dès leur conception, aux personnes africaines. » © Trevor Adeline/Plainpicture

 » Il faut adapter localement les tests sérologiques, dès leur conception, aux personnes africaines. » © Trevor Adeline/Plainpicture

Publié le 3 août 2021 Lecture : 5 minutes.

Taux de vaccination très bas, notamment en raison de la défiance des populations, difficultés socio-économiques accentuées par les mesures de restriction sanitaire, manque d’équipements hospitaliers et retard dans la mise en place d’une filière de production de vaccins « made in Africa »… Sur le front du coronavirus, le continent est un patient qui inquiète.

Selon les chiffres du Centre africain pour le contrôle et la prévention des maladies, la prévalence de l’infection au Covid-19 est légèrement inférieure à 1 % de la population (6,3 millions de contaminations, pour 160 000 décès enregistrés). Des chiffres qui sont, selon de nombreux experts, largement sous-évalués.

La publication des résultats d’une étude menée à Kinshasa en octobre et novembre 2020 par un groupe d’épidémiologistes et de spécialistes des maladies infectieuses, dont les conclusions ont été rendues publiques le 5 juin dernier, vient confirmer ces craintes.

Les chercheurs ont mené une campagne de tests incluant 1 200 personnes. Alors que seulement 8 290 cas étaient officiellement recensés à l’époque dans la capitale de la RDC, ils ont découvert que, dans l’échantillon testé, la prévalence était de 16,6 %. En extrapolant ces résultats, les auteurs de l’étude, publiée sur le National Center for Biotechnology Information, estiment qu’à Kinshasa la prévalence réelle est en moyenne de 20 %, avec des pics localisés allant jusqu’à 60 %. Bien loin du 1 % de moyenne affiché au niveau du continent.

Chercheur à l’Institut de recherche sur le développement, spécialisé dans la transmission des maladies infectieuses, Ahidjo Ayouba a participé à cette étude. Il revient pour Jeune Afrique sur ses principaux enseignements.  

Jeune Afrique : Dans l’étude que vous avez menée, vous avez eu recours à des tests de séroprévalence. Quelles sont les caractéristiques de cette méthode ?

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Ahidjo Ayouba : Les tests de séroprévalence visent à vérifier si un organisme a été en contact avec le virus. Ils sont à différencier des tests moléculaires que sont les tests antigéniques et PCR, qui déterminent si l’organisme est positif. Sur un plus long terme, l’objectif des tests de séroprévalence est d’étudier la dynamique du virus telle que l’on ne la voit pas, et de mettre en évidence les tendances lourdes.   

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