Grâce à Dieu et à Ben Laden

Publié le 10 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

Nos confrères de Time ont raison : l’homme de l’année, c’est bien George W. Bush. Ce n’est pas un jugement de valeur, mais un jugement de réalité. Cet homme, idolâtré par une majorité d’Américains, exécré par une grande partie de l’humanité, aura mis son pays au centre du monde, transformé l’élection américaine en consultation planétaire et substitué au désordre mondial une éventualité de chaos.
Alors que l’on en était à discuter pour savoir si les États-Unis étaient une « super » ou une « hyperpuissance », lui s’est comporté comme s’il n’y avait pas d’autres puissances que la sienne. Son Amérique n’est pas supérieure, elle est unique. Elle est la force et la justice, le glaive et la balance, la loi et les armes. Cet homme, George W. Bush, élu une première fois avec moins de voix que son adversaire, s’est attribué une mission depuis le 11 septembre 2001. C’est Ben Laden qui lui aura donné une pleine légitimité alors que les électeurs ne lui avaient accordé qu’une faible légalité. Il ne s’est sans doute, au départ, référé sans cesse à Dieu que pour se rallier les quarante millions d’évangéliques, mais il a visiblement fini par croire qu’il était l’élu de la Providence. Sa victoire a confirmé sa « prédestination ». Ainsi, George W. Bush s’est comporté comme s’il diabolisait, donc valorisait et bientôt sacralisait, ce terrorisme qui le faisait roi. Et plus il perdait de batailles, plus on lui était reconnaissant de les avoir livrées. À ceux qui l’ont accusé d’avoir multiplié le nombre des terroristes et d’avoir aggravé le phénomène de la terreur, il a répondu ou laissé entendre qu’il était le seul apte à vaincre les terroristes, même s’ils étaient devenus plus nombreux.

Chef de la croisade contre le terrorisme, il a pu arracher la neutralité de Vladimir Poutine à Moscou et le soutien des gouvernements les plus importants de la planète, comme ceux de la Chine, de l’Inde, du Japon. Sans compter que la solidité des liens établis entre tous les services de renseignements du monde pour lutter contre le terrorisme permettait à Dick Cheney, Donald Rumsfeld et Condoleezza Rice de relativiser l’opposition des États rebelles, notamment celle de la France. Condoleezza Rice devait d’ailleurs dire : « Pardonner à la Russie, isoler l’Allemagne et punir la France. »
Reste que le terrorisme était bien une réalité nouvelle, monstrueuse, dévastatrice. Le phénomène a consolidé Bush comme la seconde Intifada a conforté Ariel Sharon en Israël. Le fond religieux est presque le même. […]
Ce messianisme peut très bien s’accompagner de pragmatisme lorsque les revers sont trop spectaculaires, comme en Corée ou au Vietnam. Ce qui se passe en Israël et en Palestine traduit une orientation nettement nouvelle des Américains. […] Les États-Unis sont intervenus en Irak pour hâter une solution du conflit israélo-palestinien. Maintenant, ils comptent sur la solution de ce conflit pour obtenir le concours de leurs alliés pour pacifier l’Irak.

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