Douala soigne ses images

La métropole camerounaise organise du 14 au 23 janvier sa première Biennale des arts visuels.

Publié le 10 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

Tenir à Douala, ville du chanteur Petit-Pays et du coupé-décalé, un festival populaire consacré à la photographie et aux arts plastiques relève d’un pari aussi fou qu’inviter les Kinois à un spectacle de mbalax. Et pourtant, du 14 au 23 janvier 2005, le Duala Urban Touch of Arts (Duta, « image » en langue locale), la première biennale des arts visuels de Douala, se déploiera dans les artères principales de la ville. Un événement inédit dans la sous-région, alors que l’Afrique de l’Ouest affiche une belle vitalité en la matière : Biennale de la photo à Bamako, Dak’art au Sénégal, Festival des arts de la rue au Burkina…
Sous le thème « Traces et mémoires », le commissaire général du festival, Samy Nja Kwa, espère modifier le prisme à travers lequel les photographes et plasticiens sont perçus du grand public. D’origine camerounaise et Parisien d’adoption, ce photographe et journaliste – il collabore à la revue Africultures, au magazine Jazz Hot, à Planète Jeunes ainsi qu’à l’agence Panapress – se propose par là de renforcer la légitimité sociale de créateurs obligés d’exercer un autre métier pour subsister dans un environnement où la musique règne presque sans partage.
Au Cameroun, des galeries comme Doual’art, Mam ou Africrea ont contribué à structurer le secteur des arts plastiques. Le tableau est plus terne pour la photo, où la reconnaissance des acteurs en est aux balbutiements. Certains clichés proposés à Duta remontent à 1931, date à laquelle George Goethe, un Sierra-Léonais, ouvrit à Douala le premier studio de la ville. L’oeuvre de ce pionnier sera exposée à côté de celle de Bill Akwa Betoté, probablement le photographe qui possède la plus riche banque d’images sur la scène musicale africaine.
La manifestation de Douala accueillera au total quatorze photographes et dix-sept peintres d’Afrique, d’Europe et des Caraïbes. Des plasticiens les plus connus localement, comme Koko Komégné, Salifou Lindou, Louisépée, à des artistes que le public découvrira : K. Phéine (Guadeloupe), Abou Diallo (Mali), Alhousséini Touré (Niger), Francis Mampuya (RDC) ou la jeune Marie-Claude Euladic de la Martinique. Sont également annoncés le Franco-Algérien Bruno Boudjelal, le Congolais James Muyombo, le Gabonais Emmanuel Mba Ondo ou encore le Camerounais Nicolas Eyidi.
Coup de projecteur plus que révolution, ce festival signe un début de reconnaissance pour des expressions artistiques délaissées par les institutions nationales.

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