Dieu, le « tsunami » et les bigoudis

Publié le 11 janvier 2005 Lecture : 2 minutes.

L’année 2005 commence plutôt mal. Plus de cent cinquante mille morts en Indonésie, au Sri Lanka, en Inde et ailleurs. Des millions de sans-abri, des milliards de dollars de dégâts. Même la lointaine Suède déplore des centaines de disparus, des touristes qui étaient allés passer les fêtes de fin d’année dans un paradis aux antipodes de leurs froids rivages. Un tremblement de terre à Sumatra provoque la pire catastrophe humaine du siècle… en Suède ! Tous les commentateurs ont glosé sur cet aspect inattendu de la globalisation. Ne revenons pas là-dessus.
En revanche, ce qui m’a surpris, c’est le débat qui a fait rage sur plusieurs plateaux de télévision et en diverses langues sur la responsabilité de Dieu dans cette catastrophe.
– Et Dieu, dans tout ça ? ont demandé les petits-fils gallois, teutons, espagnols et polonais de Jacques Chancel.
Autre variante :
– Où était Dieu le 26 décembre 2004 ?
Les uns sont indignés, les autres fatalistes. Un jésuite explique sur Télé-Alléluia que les voies de la Providence sont encore plus impénétrables que la jungle de Bornéo. Un imam m’assène sur Télé-Djihad-et-Décapitation que tout cela prouve la toute-puissance de Dieu et que j’ai intérêt à fermer mon bec. Un athée en veston cachemire susurre sur Télé-Satanas que le tsunami démontre l’inexistence de Dieu, surtout dans la version « infiniment bon » des religions monothéistes.
L’argument de l’athée me surprend. Il me semble que c’est exactement l’inverse. Je suis prêt à accepter que Dieu provoque des tsunami dévastateurs, de fantastiques explosions de volcans, des chutes de météorites géantes pour terrifier la misérable gent humaine. En revanche, ce qui me semble le plus à même de faire douter de son existence, c’est qu’il semble aussi s’occuper de choses bien plus triviales, par exemple de dissimuler mes lunettes au moment où j’en ai besoin. Pourquoi fait-il cela ? Ce matin, j’avais un rendez-vous urgent en ville. Le temps de dévaler les escaliers, le téléphone sonne en haut. Je regrimpe les escaliers quatre à quatre mais entre-temps mon correspondant a raccroché. Ce petit contretemps a suffi pour que je rate mon métro et que j’arrive en retard au rendez-vous. Pourquoi Dieu m’embête-t-il avec ces futilités ? Peut-on croire en un Être suprême qui fait toujours retomber la tartine sur le côté beurré ? Pourquoi glisse-t-on sur les peaux de banane ?
Où était Dieu le 26 décembre 2004 ? Peut-on croire qu’il était occupé à égarer les bigoudis d’une vieille dame à Montélimar ou à Bamako ?
On voudrait bien avoir l’avis des théologues et des imams.

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