BAD : une nouvelle banque est née
![](/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,height=810,fit=cover/medias/default.png)
La Banque africaine de développement (BAD) version 2005 n’a plus rien à voir avec celle de 1995. Après dix ans de réformes, l’évolution est telle que l’on peut dire aujourd’hui qu’une nouvelle banque est née. Cette transition coïncide avec la fin du mandat du président Omar Kabbaj (Maroc), qui devrait céder le flambeau le 1er septembre 2005.
Un signe qui ne trompe pas : les candidats se bousculent pour déposer leur dossier d’ici au 31 janvier, dernier délai, au siège temporaire de la BAD, à Tunis. La liste officielle sera connue le 15 février et la campagne électorale – qui a déjà commencé – battra son plein jusqu’au jour fatidique, le 19 mai, à Abuja (Nigeria). Les électeurs sont les 77 ministres des Finances représentant les actionnaires de la Banque (60 % des droits de vote appartiennent aux 53 États africains et 40 % aux 24 États non africains).
À la différence du passé, les électeurs sont tenus – par l’article 36 des statuts de la Banque – d’élire une « personnalité africaine de haute compétence ». Et vu le bilan d’Omar Kabbaj, on peut dire que la barre sera placée très haut.
La BAD « 2005 » a été complètement renouvelée. Deux cadres sur soixante-dix étaient en poste avant 1995. Son portefeuille de projets a été assaini, ses opérations sont devenues transparentes. Lorsqu’on visite la Banque, on est frappé par la sérénité qui caractérise les relations entre le président, les administrateurs et le staff. Les conflits de compétence appartiennent à une autre époque.
Aujourd’hui, on entre dans une banque qui a de l’argent : 25 milliards de dollars ont été mobilisés au cours des dix dernières années, la moitié de ce qui a été réalisé en quarante ans. Bloqué en 1995, le Fonds africain de développement (FAD), qui distribue les ressources à des taux d’intérêt très faibles, voire nuls, a été depuis reconstitué trois fois, la dernière le 17 décembre 2004 : le 10e FAD disposera ainsi de 5,4 milliards de dollars pour la période 2005-2007, dont 44 % seront servis sous forme de dons.
On entre aussi dans une banque qui recrute : plus de 200 cadres devront renforcer les capacités opérationnelles de l’institution d’ici à 2007, outre les agents locaux de soutien (plus de 300 pour les services généraux). C’est une augmentation globale de 50 % du staff. Car la Banque a décidé d’ouvrir vingt-cinq bureaux nationaux ou régionaux dotés, cette fois, des moyens adéquats (en termes de délégation de pouvoirs et de personnel).
En 2004, la Banque a prêté pour 4 milliards de dollars et en a attiré autant des cofinanciers. « Je laisse une banque très bien vue sur la scène internationale. Désormais, les Africains sentent que c’est leur banque et qu’elle leur apporte ce qu’ils souhaitent », se félicite Omar Kabbaj, qui peut partir à la retraite la tête haute.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- L’État algérien accélère la cadence pour récupérer les biens mal acquis
- Pour la première fois, Mahamadou Issoufou condamne le coup d’État du général Tiani
- Amnesty International demande l’arrêt des expulsions forcées à Abidjan
- Au Niger, Abdourahamane Tiani et la stratégie assumée de l’« anti-France »
- M23 en RDC : cinq questions pour comprendre pourquoi le conflit s’enlise