Agro-industrie : la Côte d’Ivoire veut redynamiser le Nord

Coton, anacarde, riz : pour redynamiser le Nord, sinistré par une décennie de crise, la Côte d’Ivoire mise sur l’agro-industrie. Et le secteur privé suit.

Une usine textile de la CIDT, à Bouaké. Émilie Grégnier/JA

Une usine textile de la CIDT, à Bouaké. Émilie Grégnier/JA

Publié le 21 février 2014 Lecture : 3 minutes.

Il fut un temps où Bouaké était le deuxième pôle économique de la Côte d’Ivoire. C’était avant que la décennie de crise qui a secoué le pays n’ait eu raison de son dynamisme et obligé ses industries agricoles à fermer leurs portes les unes après les autres. La relance du nord du pays s’est donc vite imposée dans l’agenda des responsables politiques ivoiriens, à commencer par celui du président, Alassane Ouattara, originaire de la région.

Il fut un temps où Bouaké était le deuxième pôle économique de la Côte d’Ivoire

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Si plus de 21 milliards de F CFA (32 millions d’euros) ont été injectés entre 2008 et 2013 dans de nombreux programmes de reconstruction, l’année 2014 – la dernière avant l’élection présidentielle de 2015 – s’annonce charnière.

Dès le mois de mai, à Korhogo, l’usine de trituration oléagineuse Cotraf SA doit ainsi ouvrir ses portes. Cette installation, qui a nécessité un investissement de 8 milliards de F CFA, produira de l’huile à partir de graine de coton. « Nous devrions traiter 90 000 tonnes de graines chaque année », estime Ali Ghazal, président du conseil d’administration de Cotraf SA, qui prévoit la création de 500 emplois à l’horizon 2016.

Dettes

Selon le chef de l’État ivoirien, en visite dans la région en novembre 2013, la valorisation du coton, de l’anacarde (noix de cajou) et du riz est appelée à jouer un rôle comparable à celui du cacao et du café dans le sud du pays.

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Pour aider la filière textile, au moment où la production de coton repart à la hausse avec 340 000 t récoltées lors de la dernière campagne (soit une augmentation de plus de 30 % par rapport à celle de 2011-2012), l’État veut surtout redresser la Compagnie ivoirienne pour le développement des textiles (CIDT), en grande difficulté depuis la libéralisation du secteur en 1998.

Il est ainsi question d’apurer les dettes de l’entreprise publique et de l’aider à trouver auprès des banques « les 12 milliards de F CFA nécessaires pour financer notre plan de relance sur trois ans », précise Mamadou Coulibaly, son directeur général. « Ce n’est qu’au terme de ce programme » qu’une éventuelle privatisation pourra être lancée, reprend le patron de la CIDT.

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Investissements

L’intérêt des pouvoirs publics a également redonné confiance au secteur privé, qui multiplie ces dernières années les projets agro-industriels dans la partie septentrionale du pays. Parallèlement au coton, l’anacarde prend ainsi une importance croissante. Deuxième producteur mondial derrière l’Inde, la Côte d’Ivoire espère en récolter 600 000 t en 2016, avec un objectif de transformation locale de 35 %, contre 5 % actuellement. En attendant la concrétisation, dans les tout prochains mois, des projets initiés par l’ivoirien Sifca ou l’indien Rajkumar Impex, le singapourien Olam dispose d’une capacité de traitement de 40 000 t depuis l’ouverture de sa seconde unité de production à Bouaké en février 2012.

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Emplois

Outre le gain de valeur ajoutée, la transformation locale de l’anacarde pourrait permettre de créer plus de 40 000 emplois, selon la Banque mondiale. Un chiffre à ajouter aux 60 000 que devrait générer le projet du groupe Louis Dreyfus dans la riziculture. Le négociant envisage d’investir 30 milliards de F CFA pour produire 200 000 t de riz, si possible dès la fin de cette année.

Pour accompagner ces investissements privés, l’État prévoit de mettre une nouvelle fois la main à la poche. En plus d’accorder d’importantes réductions fiscales, il a promis de débourser 11 milliards de F CFA pour construire 64 magasins de stockage et réhabiliter près de 3 600 km de pistes, afin de faciliter l’écoulement de ces productions agricoles vers les marchés de consommation locaux et les grands ports d’exportation d’Abidjan et de San Pedro.

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