Scandale à Bollywood
Mettant à mal les valeurs traditionnelles, un film indien rencontre un immense succès en même temps qu’il déclenche une vive polémique.
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Dans le monde merveilleux de Bollywood, l’industrie cinématographique indienne où le kitsch le dispute à l’eau de rose, le film Kabhi Alvida Naa Kehna (« Ne jamais dire adieu ») bat des records de fréquentation et de polémique. Sorti le 11 août, c’est le plus gros démarrage de l’histoire du cinéma indien. Le réalisateur Karan Johar, valeur sûre du cinéma indien, s’est entouré d’un casting de luxe, notamment de Shah Rukh Khan, la star masculine dont les sorties déclenchent des hystéries collectives en Inde. Décors somptueux, scènes de danses et de chants, vêtements chic et têtes d’affiche : le film a tout pour plaire sauf son scénario !
Pour résumer (le film dure trois heures trente), Kank, comme l’ont abrégé les médias, aborde le thème de l’adultère et du divorce à travers l’histoire de Dev et Maya, Indiens immigrés à New York et malheureux en mariage. Le sujet a choqué la classe moyenne indienne, largement conservatrice, les journaux et les talk-shows en ont fait leurs choux gras, et les blogs se sont multipliés contre un film jugé « corrupteur », accusé de véhiculer les valeurs de l’Occident. « Ce n’est pas la première fois qu’un film indien aborde le thème de l’infidélité, mais, dans les autres films, la femme trompait puis revenait à son mari. Là, le film banalise le mariage. Les femmes ne peuvent pas comprendre pourquoi l’héroïne quitte un mari accommodant qui lui a tout donné », explique Indu Mirani, rédactrice en chef du site spécialisé sur le cinéma indien, Thirtymm.com.
Car au pays de Bollywood la morale est toujours sauve. Le mariage, la famille et le respect des valeurs traditionnelles sont glorifiés. Le film a donc été accusé de pervertir les spectateurs, et la presse nationale s’est fait l’écho de plusieurs faits divers sordides qui seraient directement liés au film « Une mère en colère m’a accusé d’avoir conforté sa fille dans sa décision de divorcer », a regretté le réalisateur, qui clame que la base d’un bon mariage est l’amour vrai dans un pays où les mariages arrangés sont encore légion. La vision « occidentale » des rapports hommes-femmes est peut-être ce qui a le plus dérangé. Les quelques défenseurs du film ont relevé que le divorce était en train de devenir un phénomène de société en Inde, surtout dans les grandes villes, et que Kank s’inscrivait ainsi dans son époque. D’ailleurs, la diaspora indienne ne s’y est pas trompée. En Grande-Bretagne, Kank, sorti à la rentrée, rencontre un gros succès, et les États-Unis le projettent dans plus de soixante salles. Une première pour un Bollywood movie. Bon démarrage aussi à Maurice, au Kenya et en Afrique du Sud.
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