Pôle d’attraction américain
Selon les projections de The Economist, les investissements directs étrangers vont continuer de croître d’ici à 2010. Terre de prédilection : les Etats-Unis.
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Les investissements directs étrangers (IDE) sont souvent décrits et analysés sous forme de bilan. S’agissant de statistiques complexes, les données comparatives et fiables à l’échelle mondiale sont publiées avec presque une année de retard par l’institution spécialisée des Nations unies pour le commerce et le développement, la Cnuced. Le bilan de l’année 2005 devrait ainsi être annoncé le 16 octobre prochain, à Genève. Mais quid des perspectives ?
Le meilleur rapport sur l’évolution des IDE est celui édité par The Economist Intelligence Unit (EIU), le département de recherche de l’hebdomadaire britannique éponyme : « The World Investment Prospects 2006-2010 ». Destiné aux professionnels – banquiers, investisseurs, consultants -, ce document présente le double avantage d’étudier le passé (analyse sur dix ans) et de prospecter l’avenir (perspectives sur cinq ans). Jusqu’ici payant et diffusé de façon très restreinte, il est entré désormais dans le domaine public, du moins dans une version spéciale, grâce à l’université américaine Columbia, qui a participé à sa réalisation*.
Publié le 5 septembre, le dernier rapport couvre donc la période 1996-2010. Outre l’analyse des tendances récentes à l’échelle mondiale (pays développés, pays émergents), il livre ses projections sur la période 2006-2010 par régions et par pays (82 pays représentant 95 % du total mondial). Première bonne nouvelle : le volume des IDE poursuivra sa croissance (5 % par an) après trois années de forte progression (+ 20 % en moyenne). Il devrait avoisiner 1 200 milliards de dollars en 2006 et dépasser 1 400 milliards en 2010. Il s’agit ici des flux nets de capitaux étrangers alloués à des projets durables. Sont comptabilisés tout investissement en portefeuille supérieur à 10 % du capital d’une entreprise, tout apport financier et tout réinvestissement de dividendes (ce qui exclut donc les placements spéculatifs).
Conséquence de cette évolution positive – les IDE ainsi définis concourent, en effet, à la croissance économique et à la création d’emplois dans les pays hôtes : le stock des IDE passerait à 16 560 milliards de dollars à la fin de 2006, contre 10 317 milliards à la fin de 2005 et 6 433 milliards à la fin de 2001. Son poids ira grandissant : de 23,4 % du PIB mondial en 2005 à 27,8 % en 2010. Pour les cinq ans à venir, le montant global des nouveaux IDE dépassera 6 400 milliards de dollars, dont 68 % seront destinés aux pays développés et 32 % aux pays émergents. Les flux annuels représenteront 2,4 % du PIB brut mondial d’ici à 2010, contre 2,2 % en 2005 et 2 % en 2004. Première puissance économique mondiale, les États-Unis creuseront l’écart en attirant encore davantage d’investisseurs étrangers. Et une bonne partie des excédents de pétrodollars des pays du Golfe et du trop-plein de devises de la Chine et des autres pays asiatiques. Selon l’étude, les Américains recevront en moyenne 298 milliards de dollars d’IDE par an d’ici à 2010, soit 23 % du total mondial. Loin devant le Royaume-Uni (89 milliards) et la Chine (86 milliards). Le pays le plus peuplé du monde occupe une position dominante parmi les économies émergentes (il attire le cinquième des IDE de cette catégorie de pays).
Mais la terre de prédilection des investisseurs étrangers demeure l’Irlande, où le stock d’IDE représente 106 % du PIB, loin devant le Royaume-Uni (37 %), le Canada (32 %), la France (29 %), l’Allemagne (25 %) et les États-Unis (15 %). En Afrique, le record est détenu par l’Angola (64 %), suivi par la Tunisie (63 %) et le Maroc (40 %). Les pays les moins ouverts sont le Koweït (1 %), le Japon (2 %), l’Iran (5 %) et la Libye (6 %). L’étude EIU/Columbia foisonne de comparaisons intéressantes. Par exemple, Singapour occupera le premier rang mondial pour les flux annuels (période 2006-2010), avec 5 037 dollars en moyenne par habitant, devant Hong Kong (4 776 dollars). En bas du classement, on trouve le Bangladesh (4 dollars) et le Kenya (3 dollars), qui fut longtemps à l’Afrique de l’Est ce que la Côte d’Ivoire était à l’Afrique de l’Ouest. Le pays d’Houphouët-Boigny, lui, ne figure plus sur les tablettes des investisseurs
Au premier rang du palmarès africain en termes de flux annuels par habitant, une première : le nouvel « eldorado » libyen, grâce au retour des compagnies pétrolières occidentales, avec 255 dollars par habitant, devant l’Angola (148) et l’Afrique du Sud (146). Mais le pays de Mouammar Kadhafi n’offre pour le moment rien d’autre que le pétrole. Les flux d’investissements prévisibles à destination de la Jamahiriya s’élèvent au total à 1,6 milliard de dollars par an (2006-2010), trois fois moins que l’Algérie (4,9 milliards). L’Afrique du Sud demeure de loin le pays le plus attractif ave 6,1 milliards. L’Égypte devrait réaliser un bon score (5 milliards) si la privatisation du secteur bancaire est menée à bien et si le secteur touristique est épargné par le terrorisme. Dans l’ensemble, l’Afrique du Nord devrait pouvoir attirer 18 milliards de dollars par an, autant que l’Afrique subsaharienne. À elles deux, elles recevront 3,1 % du total mondial, à peine un peu plus que le poids économique du continent (2,7 % du PIB mondial), mais nettement moins que son poids démographique (14 %).
* Vor édition spéciale (132 pages) sur le site de l’université de Columbia (Program on International Investment) : www.cpii.columbia.edu
Edition payante (95 dollars) sur le site : www.store.eiu.com
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