Lune de miel à Addis

Publié le 9 octobre 2006 Lecture : 2 minutes.

Président de la Commission européenne, le Portugais José Manuel Barroso connaît bien l’Afrique : il fut secrétaire d’État à la Coopération, puis ministre des Affaires étrangères de son pays pendant huit ans. En revanche, plusieurs des neuf commissaires qui l’accompagnaient au siège de l’Union africaine (UA) à Addis-Abeba, le 2 octobre, n’avaient jamais mis les pieds au sud du Sahara. Faire découvrir l’Afrique, ses habitants, ses dirigeants et ses problèmes à l’Estonien Siim Kalas (chargé des Affaires administratives) ou au Tchèque Vladimir Spilda (Affaires sociales) était donc l’un des objectifs de cette première rencontre (en terre africaine) entre les organes exécutifs des deux plus importantes unions transnationales du monde.
Après une première réunion en octobre 2005, à Bruxelles, les dirigeants de l’UA et de l’UE se sont efforcés de renforcer leur partenariat. « Nous entrons enfin dans les détails », s’est réjoui un diplomate européen. Une enveloppe de 55 millions d’euros a été débloquée par les Européens pour la période 2007-2009, afin d’aider la Commission de l’UA à recruter et à former des fonctionnaires, à mettre en place des programmes d’échanges avec ceux de l’UE, à améliorer son système de traduction ou encore à perfectionner sa planification budgétaire.
Au-delà des grandes questions politiques (au premier rang desquelles l’immigration et les crises au Darfour, en Côte d’Ivoire et en Somalie), les deux parties ont évoqué divers programmes concrets. Notamment le programme Erasmus-Nyerere, à qui la Commission de l’UE allouera 5 millions d’euros par an pour permettre aux jeunes Africains d’étudier en Europe – et vice versa.
Un certain nombre de critiques ont quand même été formulées à Addis. Bien qu’Alpha Oumar Konaré, le président de la Commission de l’UA, ait rappelé à plusieurs reprises que les fonds débloqués par l’Europe l’étaient en fonction d’orientations décidées par les Africains eux-mêmes, un commissaire de l’UA n’a pas caché son scepticisme : « En réalité, ils nous imposent nos priorités. Ils sont à l’évidence mieux outillés que nous pour conduire le partenariat. » De fait, avec un peu plus de cinq cents fonctionnaires, les commissaires africains ne font pas le poids face à leurs vingt-cinq mille collègues européens. Mais ce même décideur reconnaît volontiers que l’UA ne peut se permettre de refuser la main tendue. Et que la réunion du 2 octobre a au moins permis aux Européens de découvrir les progrès accomplis par l’UA depuis cinq ans.

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