Le colonel est enceinte

Publié le 9 octobre 2006 Lecture : 1 minute.

En France, en dépit des changements heureusement irréversibles qui ont fait accéder les femmes à des fonctions qui furent pendant longtemps l’apanage des hommes, certains noms désignant des fonctions ou des métiers, n’ont toujours pas de forme féminine propre. Certes il y a des « actrices », des « spectatrices », des « électrices », des « épilatrices », mais d’une femme dont les livres sont publiés, on dira qu’elle est « auteur » et non « autrice ». […]

Quant à l’armée, qui pourtant se féminise et qui est d’ailleurs sous la houlette d’une ministre, les femmes n’y ont encore droit qu’à des grades au masculin. Ce qui donne lieu à des aberrations orthographiques et grammaticales du genre : « Le capitaine Samantha X vient d’être promue au grade de commandant par le général Odette Y » ou encore « Le colonel Martine Z, enceinte de huit mois, a pris son congé maternité »…
Par pur souci d’objectivité et parce qu’il n’est pas question pour moi d’avancer ici sur le terrain glissant de la politique, je n’évoquerai pas l’alternance masculin/ féminin du mot « président »… si ce n’est pour m’interroger sur l’emploi de l’expression « chef de l’État » : si le chef en question est une femme, pourquoi ne dirait-on pas « la chef de l’État » comme on devrait dire d’ailleurs « la chef de gare » ou « la chef d’orchestre ».
En conclusion à ce dossier passionnant, je concède que la féminisation de certains noms de métiers n’est pas évidente. Car si je dis « le cafetier a sauvagement secoué la cafetière sur la table du bistrot », cela pourrait prêter à équivoque. Même remarque pour le cuisinier, le moissonneur, le tondeur ou le perceur. Que dire enfin du poinçonneur des Lilas cher à Gainsbourg, et de sa poinçonneuse, chère à tous les nostalgiques du métro de papa ?

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