Le gouverneur Lamido Sanusi suspendu de ses fonctions
Le président nigérian Goodluck Jonathan a annoncé le 20 février la suspension du gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, Lamido Sanusi, pour fautes et pour avoir éloigné l’institution de son mandat de base.
Article mis à jour à 11h59 CET.
Le président nigérian Goodluck Jonathan a suspendu le gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, Lamido Sanusi, pour fautes et pour avoir éloigné l’institution de son mandat de base. La nouvelle a été annoncée par un commiqué diffusé le 20 février par la présidence. Lamido Sanusi sera remplacé par son adjointe, Sarah Alade, jusqu’à la conclusion d’une enquête sur « des violations des lois en cours, des procédures courantes et du mandat de la Banque centrale », selon les termes de Reuben Abati, porte-parole de la présidence.
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Âgé de 52 ans, Sanusi devait quitter son poste en juin prochain. Il s’est publiquement élevé contre la corruption dans le secteur pétrolier nigérian tout d’abord dans le domaine des subventions puis très récemment contre les pratiques du géant public NNPC (Nigerian National Petroleum Corp), qu’il a accusé d’avoir conservé 50 milliards de dollars de revenus dus au gouvernement avant de réviser à la baisse ce chiffre.
« Agissant sans aucun recours à la loi de 2007 régissant la Banque centrale du Nigeria, c’est un président nigérian assiégé politiquement qui écarte unilatéralement le gouverneur de la Banque centrale », a commenté l’analyste Sebastian Spio-Garbrah, dans une note diffusée par le cabinet d’intelligence économique DaMine Advisors, rappelant aussi que Sanusi est « un descendant de la puissante dynastie musulmane Kano du nord du pays ».
Inquiétudes
Oluseye Feyisitan, analyste chez Afrinvest, rappelle que, « grâce à une gestion très prudente et cohérente, Lamido Sanusi a ramené la confiance sur les marchés. Ses objectifs à la Banque centrale, notamment la stabilisation des marchés et la maîtrise de l’inflation ont été atteints”. Convaincu que la décision est motivée politiquement, il s’inquiète que les marchés ne réagissent très négativement à la nouvelle, d’autant plus que « 50% des transactions effectuées sur la Bourse nigériane sont le fait de capitaux étrangers : il pourrait y avoir une fuite massive de capitaux alors même que nous sommes en pleine période de publication des résultats des sociétés cotées”.
Il rappelle toutefois qu’il est encore trop tôt pour juger de l’effet de cette annonce : « Nous verrons comment les marchés réagiront aujourd’hui ». Sebastian Spio-Garbrah anticipe quant à lui le pire : « Citant l’obligation légale de recourir pour son éviction à un vote du Sénat à la majorité des deux tiers, Sanusi va refuser de démissionner – plongeant la monnaie aux abois, dans une crise qui pourrait lui voir perdre jusqu’à 10% – 15% de sa valeur. Jonathan pourrait être de son côté confronté à une mise en accusation pour ses actions ».
Lire l’article : Lamido Sanusi conteste sa suspension
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