Un tout petit pas !
Au terme de cinq jours de discussions marathon, les États membres sont parvenus à un « compromis minimal »… pour relancer les négociations.
Les mathématiciens utilisent souvent la technique du plus petit dénominateur commun pour résoudre leurs équations. À Genève, les 147 États membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ont eu recours à la même méthode pour obtenir, au bout de cinq jours de discussions marathon fin juillet, un accord que l’on peut qualifier de « compromis minimal » après l’échec de la réunion de Cancún en septembre 2003. Ce texte n’est, en effet, qu’un cadre de relance des négociations entamées il y a quatre ans à Doha (Qatar) relatives à l’agriculture, aux produits industriels, aux services et aux formalités douanières. L’OMC estime que cet accord permettra d’augmenter de 500 milliards les échanges mondiaux annuels. Mais, de l’aveu de Robert Zoellick, le négociateur américain, « le plus difficile reste à faire, car les États membres de l’OMC n’ont pris aucun engagement précis sur la baisse des subventions à l’exportation, l’ampleur de la réduction des droits de douane et des obstacles non tarifaires ainsi que le calendrier d’exécution des réformes ». Dès septembre, les pays membres se remettront à pied d’oeuvre pour faire avancer les différents volets de l’accord (voir encadré).
Au terme du cycle de Doha, les pays occidentaux devraient supprimer leurs subventions agricoles à l’exportation et réduire celles à la production. Une évolution souhaitée de longue date par les pays en développement (PED) et quelques grands exportateurs comme l’Australie, le Brésil, la Nouvelle- Zélande ou le Canada. En contrepartie, les multinationales des pays riches devraient obtenir une plus grande ouverture des marchés des PED, notamment à travers la réduction des droits de douane.
Pour l’Europe, l’impact des réformes sur l’agriculture devrait être limité, Bruxelles ayant déjà supprimé la plupart de ses subventions à l’exportation. Les États-Unis, quant à eux, devront lâcher du lest sur leurs aides à la commercialisation de coton-fibre et leurs crédits aux exportateurs agricoles. Quand le feront-ils ? L’accord, très vague, stipule que la question des subventions cotonnières sera traitée « de manière ambitieuse, rapide et spécifique ». « On ne peut rien attendre d’ici à la fin de l’année en raison de l’élection présidentielle », explique David Thual, de l’Association industrielle africaine. Les PED, rassemblés sous la bannière du G90, devront rester très vigilants pour que le concept des « petites économies vulnérables », reconnu pour la première fois, subsiste tout au long des négociations. Pour Kevin Watkins, responsable de la recherche au sein de l’ONG britannique Oxfam, la manière dont Européens et Américains piétinent les intérêts des PED n’est pas près de changer. « Quand les éléphants se battent, l’herbe est détruite. Quand les éléphants font l’amour, l’herbe est encore détruite », rappelle le chercheur en citant le proverbe swahili.
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus
- L’arrestation du PDG du groupe CHO secoue l’huile d’olive tunisienne
- Les Obiang et l’affaire des sextapes : vers un séisme à la Cemac ?
- La DGSE française dans la tourmente après les accusations du Niger
- Sextapes et argent public : les Obiang pris dans l’ouragan Bello
- Comment Air France compense son absence des États du Sahel