South African Airways en zone de turbulences
South African Airways (SAA) est en péril depuis la démission surprenante de son PDG, Andre Viljoen, le 6 juillet, deux ans avant la fin de son mandat. A-t-il été poussé vers la sortie ? A-t-il décidé lui-même de quitter son poste ? Pour toute réponse, la direction de la compagnie nationale sud-africaine s’est contentée de déclarer que Viljoen passerait les manettes en septembre prochain à son adjoint, Oyama Mabandla, un transfuge du secteur bancaire qui n’a rejoint SAA qu’à la fin 2003.
Bon nombre d’observateurs croient savoir que Viljoen a été poussé à la démission en raison de sa gestion catastrophique de la couverture du risque de change. En 2003, la compagnie a enregistré une perte de 6,4 milliards de rands (865 millions d’euros) sur le marché des changes. Afin d’anticiper une nouvelle chute du rand, le PDG s’était engagé dans des contrats à terme – certains s’étalant sur dix ans – pour la fourniture de carburant et d’équipements à hauteur de 8,6 milliards de rands (1,16 milliard d’euros). Mais, contrairement à ses prévisions, le rand a gagné 28 % par rapport au dollar. Le gouvernement sud-africain, qui contrôle la compagnie aérienne via l’entreprise publique Transnet, a donc été obligé de la renflouer en lui prêtant 7 milliards de rands (946 millions d’euros). Au début de l’année, Transnet a annoncé qu’elle pourrait avoir à injecter 6,1 milliards de rands supplémentaires (825 millions d’euros) pour couvrir les pertes de la compagnie. Car, cette année, SAA pourrait bien afficher un déficit similaire à celui de l’an dernier.
Paradoxalement, Viljoen avait réussi à se forger une bonne réputation. Ses trois ans à la tête de SAA lui avait permis de transformer la compagnie aérienne. En 2002, SAA a certes cumulé une perte de 870 millions de rands due à la faiblesse de la monnaie, mais l’année dernière, elle pouvait revendiquer 538 millions de rands de bénéfices. Viljoen a également fait prendre un tournant stratégique à l’entreprise en renouvelant sa flotte. En 2003, SAA a commandé 41 nouveaux Airbus A-320 et A-340, dont certains assurent déjà les vols long-courriers vers l’Europe. SAA est aussi la première compagnie africaine prête à devenir membre permanent de l’une des grandes alliances mondiales. Au début de l’année, elle a demandé son entrée dans Star Alliance, et a renforcé ses liens avec deux de ses piliers la brésilienne Varig et l’allemande Lufthansa.
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