Peintre noir pour Maison Blanche

Auteur du portrait officiel de Clinton, Simmie Knox est le premier Africain-Américain à immortaliser l’image d’un président des États-Unis.

Publié le 10 août 2004 Lecture : 2 minutes.

Simmie Knox ne marquera sans doute pas l’histoire de l’art avec ses hyperréalistes portraits à l’huile. En revanche, il restera dans l’Histoire comme le premier artiste africain-américain à avoir immortalisé l’image d’un président. Le 14 juin dernier, son portrait de Bill Clinton était dévoilé à la Maison Blanche par George W. Bush. Une véritable consécration pour un artiste de 65 ans qui s’est essentiellement consacré aux membres les plus éminents de la société africaine-américaine.
La peinture, pour Simmie Knox, c’est d’abord un match de base-ball qui tourne mal. Nous sommes à la fin des années 1940, en Alabama. Simmie joue avec son ami Hank Aaron – qui deviendra plus tard célèbre avec les Atlanta Braves. N’ayant pas de balle, ils s’entraînent avec des capsules de bouteilles. Un instant d’inattention et l’accident survient : Simmie prend le projectile en plein visage. Son oeil est sauvé, mais un médecin lui conseille une activité qui lui permette de travailler sa vision. Ce sera le dessin, même si, à cette époque, les enfants noirs n’étaient pas supposés s’intéresser à l’art. Simmie bénéficie de l’aide des soeurs qui dirigent son école. Ses premières peintures s’inspireront, en toute logique, du chemin de croix.
Diplômé de la Tyler School of Art de l’université de Temple, à Philadelphie (Pennsylvanie), et de l’Université du Delaware, Simmie Knox enseigne pendant un temps dans différents collèges et écoles publiques du nord-est des États-Unis. Dans les années 1970, il travaille pour le musée d’Art africain de Washington et commence à exposer ses premières oeuvres… abstraites. Mais son penchant pour l’art figuratif l’entraîne inexorablement vers le portrait. « Il n’y a rien de plus motivant et de plus intéressant que le visage humain », confie-t-il. Et les mains, pourrait-on ajouter, tant il y accorde d’attention.
À partir de 1981, Simmie Knox se consacre à 100 % au portrait. « Je suis passionné par tous les portraits que je réalise. Je suis toujours intéressé par les gens, et j’aime connaître ceux que je peins », dit-il. Ce n’est pas le seul secret de sa réussite : « J’ai réussi en travaillant dur. Je n’ai pas pris un jour de vacances depuis quinze ans. » Crâne dégarni, moustache, l’homme affiche une prédilection pour les plus célèbres Africains-Américains. Ainsi peut-on compter parmi ses oeuvres le portrait du boxeur Mohamed Ali, de l’acteur Bill Cosby ou de l’ancien maire de New York, David Dinkins. Ainsi que celui du juge de la Cour suprême très impliqué dans la lutte pour les droits civiques, Justice Thurgood Marshall. Sans compter de nombreux sénateurs, juges, hommes d’Église, militaires ou simples privés fortunés.
Un portrait signé Simmie Knox est aujourd’hui facturé entre 10 000 et 60 000 dollars… « Les prix varient selon la taille, la composition, le nombre de sujets et de détails. La satisfaction du client est garantie », affirme le site Internet de l’artiste (www.simmieknox.com). Nul doute que la publicité faite autour du portrait de Clinton risque de faire grimper les prix. Mais le peintre ne l’a pas vraiment cherché. C’est en effet Hillary Rodham Clinton qui, après avoir discuté avec la juge de la Cour suprême Ruth Bader Ginsburg, fraîchement portraiturée, a invité Knox à rencontrer son mari. Une entrevue concluante : quelques semaines plus tard, Knox proposait cinq études et Clinton en choisissait une. Le plus dur fut, ensuite, de réussir à faire poser l’ex-président pendant plus de cinq minutes.

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