Pas très catholique

Publié le 10 août 2004 Lecture : 2 minutes.

Les vacances sont, comme chacun sait, une période propice aux bonnes résolutions et au rattrapage du temps perdu. Aussi ai-je décidé d’entamer mon mois de repos annuel par la lecture des quelques ouvrages acquis ou offerts au cours de l’année et laissés de côté sur mon bureau, car phagocyté par l’actualité à couvrir – comme on dit dans le jargon du métier. En mars dernier, en flânant dans les rayons de l’extraordinaire librairie Le Furet du Nord, à Lille, j’étais tombé sur un étonnant bouquin, Le Dictionnaire des saints imaginaires et facétieux, de Jacques E. Merceron (Éditions du Seuil).

Il faut l’avouer : on ne s’intéresse pas souvent aux saints du calendrier, sauf – si l’on est chrétien, bien sûr – lorsqu’il s’agit de trouver un prénom à un futur bébé. Les douze mois sont alors passés en revue et, au gré de notre inspiration, nous nous arrêterons sur Gilbert, Marcel ou Gildas. Quand les choses se gâtent, que l’on a égaré les clefs de la maison ou celles de la voiture, on invoque saint Antoine de Padoue, voire sainte Rita, la patronne des causes désespérées. Quoi qu’on en dise, on a, de temps en temps, besoin d’un peu d’aide céleste et irrationnelle.

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Mais revenons à nos moutons, ou plus exactement à nos saints malins. Je me suis rendu compte, à feuilleter le livre dont je vous parlais plus haut, qu’une kyrielle de ces personnages imaginaires vivent à nos côtés sans qu’on s’en doute. Mais oui ! Par exemple, si votre voisine joue les prudes ou « fait sa sucrée », c’est qu’elle est une vraie sainte-nitouche. Eh bien, sachez que cette patronne de l’hypocrisie a été créée en France, en 1534, par Rabelais dans son célèbre livre Gargantua. Autre cas : vous savez fort bien que si vous prêtez des sous à votre voisin, il ne faut pas accepter qu’il vous rembourse à la saint-glinglin, parce que cela signifie « jamais » ! Point de Glinglin dans le calendrier, évidemment, car il ne s’agit là que d’une expression populaire née en France à la fin du Moyen Âge. C’est clair : « En lui faisant du croum (« crédit »), tu savais bien que tu reverrais ton oseille (argent) à la saint-trou-du-cul. »
C’est donc à un vrai voyage dans l’imagerie populaire française qu’invite ce gros livre, très documenté. Je peux maintenant prendre mon saint-frusquin (mes vêtements), pour rejoindre saint-long-j’y-vas (la paresse) sur une plage de sainte-perpète (lointaine). Bonnes vacances, on se reverra à la sainte-scolastique (la rentrée).

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