Michel Barnier

De retour d’une tournée éclair sur le continent, notamment dans le Darfour, au Soudan, le ministre français des Affaires étrangères détaille pour J.A.I. le nouvel axe de la diplomatie de son pays.

Publié le 10 août 2004 Lecture : 15 minutes.

Ceux qui croyaient qu’avec l’arrivée aux Affaires étrangères de Michel Barnier c’en serait désormais fini des rencontres nocturnes sur le tarmac des aéroports, des visites menées tambour battant et des briefings enchaînés sur un rythme échevelé aux quatre coins du monde vont revoir leur copie : le voyage que le ministre français vient d’effectuer au Sénégal, au Tchad, au Soudan et en Afrique du Sud, le tout en un peu moins de soixante-douze heures, n’a rien d’une « diplomatie de sénateur ». Urgence humanitaire oblige : dès le lendemain de son retour, Michel Barnier faisait un pas de plus en décidant l’engagement limité des troupes françaises stationnées au Tchad au service des victimes du conflit du Darfour.
L’homme est ainsi : un mélange de prudence, de placidité savoyarde dans la réflexion et de rapidité dans l’action. Une volonté affichée de tout entendre, un grand pragmatisme dans l’analyse des moyens, mais une détermination proche de l’obstination dans la poursuite de l’objectif unique qu’il s’est fixé.
D’où l’intérêt d’en savoir un peu plus sur les principes qui sont ceux de la politique du nouveau ministre des Affaires étrangères. Sur sa stratégie, notamment en Afrique. Entre le camp de réfugiés d’el-Fasher et les buildings de Pretoria, Michel Barnier, pour la première fois, a tracé pour J.A./l’intelligent l’axe de la diplomatie française : au cordeau.

Jeune Afrique/l’intelligent : Vous n’avez cessé, à chaque étape du voyage qui vient de vous conduire au Sénégal, au Tchad, au Soudan et en Afrique du Sud, de rappeler votre volonté de faire évoluer les relations entre la France et les pays africains. Comment envisagez-vous ce changement ?
Michel Barnier : D’emblée, une précaution, qui n’est pas seulement d’usage : même si je connais nombre de pays et de dirigeants de ce continent, je ne connais pas encore suffisamment l’Afrique et je n’arriverai certainement pas dans ce ministère comme un donneur de leçons qui déclare vouloir tout changer. En outre, je mène une action diplomatique qui a une histoire : la politique française en Afrique, à travers ses différentes étapes, précoloniale, coloniale et celle de la décolonisation. Il est évident que c’est ce dernier mot qui est le plus important pour moi : je reste fier de m’être engagé derrière le général de Gaulle quand j’avais 15 ans, dans mon lycée d’Albertville où je dévorais les écrits de D’Astier de la Vigerie et des « gaullistes de gauche ». C’est le général qui a donné vie à cette expression, qui l’a mise en uvre ; c’est lui qui a été l’auteur d’une politique définie sous la Ve République, poursuivie par ses successeurs. J’entends encore sa voix à Phnom Penh, à Brazzaville ou ailleurs. Il ne serait donc ni souhaitable ni possible qu’un ministre des Affaires étrangères déclare aujourd’hui : « On bouscule tout ! »
Néanmoins, un certain nombre d’évolutions nous indiquent aussi que cette politique française doit vivre avec son temps, et que ce temps n’est plus le même. Cette évolution, le président de la République Jacques Chirac a été l’un des premiers à la comprendre. Il y a en Afrique des nouveaux dirigeants, il y a eu des alternances, des passages de témoin, très réussis pour certains pays comme au Sénégal ou en Afrique du Sud d’où je reviens et, pour d’autres, plus difficiles, comme en Côte d’Ivoire. Une génération nouvelle d’hommes et de femmes politiques a émergé, ainsi que des générations nouvelles de citoyens auxquels l’histoire de la colonisation a souvent été présentée de manière simplificatrice ou critique.
Je veux connaître cette nouvelle génération, travailler avec elle, la respecter en établissant avec elle une relation plus partenariale. Je veux aussi prendre le temps d’écouter les dirigeants les plus anciens. D’autant qu’aujourd’hui les dirigeants africains ont la volonté d’apporter « la première réponse » à leurs problèmes ; ils veulent être les responsables de premier rang des solutions à apporter aux crises actuelles. Et nous devons les appuyer dans leurs efforts pour prendre en main la gestion des crises en Afrique. Nous n’avons aucune raison de regarder de loin et encore moins de haut les dirigeants africains. Pas plus que de nous montrer indifférents, comme le président Konaré nous en a avertis. Ni indifférence ni arrogance : voilà comment j’aborde ce continent.
Je veux surtout garder toujours présent à l’esprit le fait que l’Afrique a sa propre conception du temps, ses traditions, une histoire qui lui appartient, celle de ses ethnies et de ses communautés. Et toutes les évolutions que l’on peut y souhaiter que ce soit en matière de développement ou dans le champ des droits de l’homme doivent s’inscrire dans ce cadre : il ne faut pas plaquer brutalement un modèle venu d’en haut, ou d’à côté. Si tel devait être le cas, le mieux serait l’ennemi du bien. Nous devons affirmer notre attachement au pluralisme, à la liberté de la presse, à la démocratie partout dans le monde, sans oublier pour autant ce « différentiel » qui sépare l’Europe occidentale de l’Afrique ou même de certains pays de l’Est, récemment libérés de régimes politiques d’une autre nature. Les uns et les autres ont besoin qu’on « laisse du temps au temps ».

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J.A.I. : Donc, pas de « La Baule II » !
M.B. : Avec le discours de La Baule, on disait à nos interlocuteurs africains : « Voilà ce qui est bon pour vous, ce qu’on attend de vous, chez vous. » Aujourd’hui, ce discours doit être complété : s’il n’y a pas de développement sans démocratie, il ne peut pas y avoir non plus de développement sans résolution des crises.
Quand le président sud-africain Mbeki, à la tête d’un grand pays qui n’a pas eu besoin d’intervention extérieure pour faire sa mutation, se reconstruire après l’apartheid et accéder à la démocratie, quand le président Mbeki parle du président Mugabe ou de l’ex-président Aristide, vous devez vous interroger. Parce que, si vous portez un regard objectif sur le Zimbabwe, vous découvrez un pays qui a souhaité accéder à un mode de vie semblable à celui atteint par l’Afrique du Sud voisine. D’autant qu’il disposait de richesses suffisantes pour cela, et d’une population toute prête à se mettre au travail. Pourtant, le bilan de Robert Mugabe est aujourd’hui pour le moins contesté. Or un grand dirigeant comme le président Mbeki, résistant, antiraciste, démocrate, nous demande, comme beaucoup de ses pairs africains, de les laisser traiter cette question à leur manière.
S’agissant d’Aristide, on sait ce que ses partisans ont fait, comment ils ont, par exemple, détruit dans leur pays les lieux d’apprentissage. Quand on a vu, comme moi, lors de mon premier séjour à Haïti, des centaines d’étudiants dans les ruines de ce qui avait été la plus belle école d’agronomie des Caraïbes avec seulement leurs cahiers à la main, quand on connaît les violences commises, le degré de corruption de l’ancien pouvoir, et qu’on vous dit : « Attention ! Prenez garde à ne pas adopter une attitude postcoloniale », voilà qui m’interpelle
Il faut savoir accepter la différence. Pour autant, nous n’accepterons pas n’importe quoi. Nous poserons nos conditions, à l’instar de l’Union européenne (UE) qui manifeste ses propres exigences pour la distribution de son aide. Cela peut signifier, par exemple, que l’on impose pour notre coopération des critères de transparence qui nous permettent de faire reculer la corruption là où elle existe.
Reste pour moi l’objectif essentiel : la nécessité pour les Européens d’agir ensemble et de mutualiser leurs engagements. Les enjeux du continent africain sont tellement considérables, qu’ils soient liés au développement, à l’avenir des jeunes écoutons ceux qui nous répètent : « no future ! » , aux endémies je pense au sida bien sûr , à l’environnement ou à la sécurité, la situation de ce continent est telle que les pays européens, qu’ils aient ou non avec l’Afrique une histoire commune, doivent, s’ils veulent être efficaces, y mutualiser leurs actions. Dispersées, elles seront forcément insuffisantes face aux défis que connaît le continent africain. Économiques ou politiques, les réponses doivent être communes. Nous avons, de part et d’autre, deux continents qui s’organisent et qui doivent dialoguer en véritables partenaires. Il ne s’agit pas de fusionner nos politiques africaines, mais de faire davantage d’efforts et de le faire ensemble.

J.A.I. : Ne craignez-vous pas que l’UE, une institution nouvelle, abstraite, dépourvue de cette « mémoire d’Afrique » qui est celle de la France, y soit perçue comme un simple instrument au service d’intérêts économiques ?
M.B. : Non. Je dirais même : au contraire. L’Europe se nourrit des complémentarités de ses différents membres et peut offrir ainsi des réponses plus fortes, plus complètes, plus efficaces. En outre, au sein même de l’Union, dès qu’il est question d’Afrique, la France fait entendre sa voix. Elle a le poids spécifique d’une mémoire commune, et des actions qu’elle y a menées et mène encore comme d’ailleurs, d’une autre manière, le Royaume-Uni, le Portugal, l’Espagne, l’Allemagne ou encore l’Italie. Tous ensemble, les pays de l’Union peuvent faire en sorte que l’Europe ait une grande politique africaine.
J’ai toujours voulu la construction d’une Europe politique pour qu’elle soit en mesure d’agir. Et, disant cela, je ne suis pas en train de rêver à haute voix : cette Europe-là doit être outillée, elle doit être armée. C’est pour cela que je me suis battu, comme l’un des rédacteurs de la Constitution européenne, pour la création du poste de ministre des Affaires étrangères de l’Europe et pour une Europe de la Défense. Mon combat est un combat pour que l’Europe existe sur la scène internationale et y tienne toute sa place, progressivement, comme une puissance mondiale à part entière, à côté des États-Unis et d’autres grandes puissances émergentes.
Dans le même temps, cette Europe-là doit coopérer avec les Américains : songez, par exemple, à la lutte contre le terrorisme où seule la solidarité de tous sera efficace. Le continent africain offre en tout cas à la diplomatie européenne une nouvelle occasion de s’affirmer et de s’ancrer dans la réalité immédiate, que ce soit au Soudan, dans la zone sahélienne, ou ailleurs.

J.A.I. : Comment envisagez-vous cette solidarité d’une Europe qui ne dispose, en Afrique, d’aucune stratégie, d’aucune politique, d’aucune doctrine commune ? Que faites-vous des positions pour le moins discordantes du Royaume-Uni ?
M.B. : Il est exact qu’il n’y a pas encore de véritable réflexion stratégique européenne en direction de l’Afrique. Mais les moyens et les instruments existent. Cela doit nous encourager à y travailler, comme nous le faisons pour le Proche-Orient ou comme cela a été fait auparavant dans les Balkans, après que nous avons été incapables d’y empêcher une guerre digne du Moyen Âge. Si nous n’établissons pas une vraie stratégie en Afrique, alors la politique africaine de l’Europe sera effectivement condamnée à rester celle du « guichet ». Il faut sans doute adapter et rénover le Fonds européen de développement (FED) en le mettant au service d’une démarche stratégique qui sache être à la fois politique, économique et culturelle. J’ai la conviction que l’UE peut être, demain, un cadre essentiel de l’influence française où notre pays saura exercer au mieux ses capacités d’action.
Aujourd’hui, pour faire gagner ses idées, il faut savoir partager, convaincre, entraîner les autres. Et la France, dès l’instant où elle est active, capable d’initiative, mais aussi d’écoute, a dans ses mains tous les atouts pour mener une action diplomatique de première importance.

J.A.I. : Cette « mutualisation » n’a-t-elle pas cependant aussi pour objet d’alléger les responsabilités de chacun des partenaires de l’Afrique dans ses relations bilatérales avec elle ? L’Europe n’est-elle pas devenue, par exemple, le cache-misère du réseau culturel et de développement français, durement frappé par les économies budgétaires, qui se resserre toujours davantage ?
M.B. : La mutualisation des moyens implique l’adaptation de certains outils. Comme, par exemple, la création d’un réseau consulaire européen, en Afrique comme ailleurs. Ce qui est nécessaire, c’est que les citoyens européens vivant en Afrique, mais aussi les Africains, aient accès aux services consulaires qu’ils sont en droit d’attendre. En mutualisant, on pourra rationaliser et par là même améliorer le
service rendu aux usagers. Dans le même temps, cette évolution conduira, je l’espère, à des économies.
À partir de là, que faire des crédits que nous allons récupérer en améliorant la productivité de nos agents ? Pour ma part, je suis particulièrement attentif à tout ce qui concerne le travail des ONG, l’action culturelle ou éducative, celle en matière de santé. Je souhaite que notre action se tourne en priorité vers les besoins des populations. Notre coopération doit être davantage en phase avec cette demande. Elle doit aussi mieux prendre en compte l’action des collectivités locales et celle de nos entreprises. C’est ainsi que l’on pourra mieux valoriser la dimension humaine et citoyenne de notre diplomatie à laquelle j’entends porter une attention toute particulière.
Maintenant, pour ce qui concerne le budget de coopération de mon ministère, je dirais simplement que je me mobilise avec Xavier Darcos pour arrêter la décrue de nos moyens et renverser la tendance. J’y suis déjà parvenu pour les crédits de fonctionnement. C’est plutôt en matière de contributions aux institutions internationales obligatoires ou volontaires et aussi pour les crédits de coopération technique que des efforts doivent encore être faits.

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J.A.I. : Et l’aide au développement ?
M.B. : Plusieurs orientations nouvelles adoptées récemment par le Comité interministériel de la coopération internationale et du développement (Cicid) vont entraîner des changements dans l’organisation et les méthodes de gestion de notre aide publique au développement. Ainsi, nous allons poursuivre le mouvement visant à transférer à l’Aide française au développement (AFD) la gestion d’un montant croissant de programmes et de projets. L’AFD a en effet l’expertise technique, notamment pour suivre les gros projets. Le rôle du ministère des Affaires étrangères, comme chef de file et pilote stratégique, n’en sera pas moins clairement consacré, que ce soit localement, à travers l’ambassadeur, ou bien au niveau parisien. C’est le ministère qui donnera l’orientation stratégique de notre programmation.
Au-delà de ces aspects d’organisation, ce qu’il est important de noter est bien l’effort mené par la France pour accroître le volume global de l’aide au développement : nous sommes aujourd’hui à 0,42 % du PNB, et nous pouvons raisonnablement espérer atteindre notre objectif de 0,5 % en 2007. Il est vrai que cette augmentation résulte pour l’essentiel d’un montant significatif de remises de dettes. Il faut donc, dans le contexte d’augmentation globale qui doit être le nôtre, compléter cela de deux manières : veiller à ce que les sommes dégagées par ces annulations de dettes privilégient des projets en faveur du développement durable, qu’il s’agisse de l’environnement ou de l’action sociale ; dégager par ailleurs des moyens nouveaux pour avoir, à côté de ces remises de dettes, de « l’argent pour agir » qui nous permette de lancer des actions plus ciblées dans des domaines essentiels pour notre influence comme tout ce qui concerne la gouvernance publique.
En matière de coopération, mon ambition est de parvenir à concilier, d’une part, la définition d’un cadre global pour notre action, fondé sur des principes, des objectifs et une méthode rigoureuse, et, d’autre part, la mise en uvre de cette politique sur le terrain à travers des actions précises et concrètes.
Prenez l’exemple de Haïti : j’y suis déjà allé deux fois en quelques semaines. J’ai uvré de manière continue à Bruxelles pour mobiliser dans l’urgence des fonds européens. Désormais, j’entends être vigilant sur la manière dont sera utilisé cet argent. J’aimerais faire de l’aide accordée à ce pays une illustration de la nouvelle manière d’agir tout en étant conscient qu’il y a peu de pays comme Haïti où la situation est aussi dégradée.

J.A.I. : Pour rester concret, que comptez-vous faire pour améliorer la situation concernant le principal obstacle aux échanges universitaires, professionnels, culturels ou tout simplement personnels avec l’Afrique, je veux bien sûr parler des visas ?
M.B. : Il est clair qu’il faut agir sur ce point. Et après Schengen, là aussi, comment ne pas le faire ensemble entre Européens ? Si l’on décide, par exemple, de contrer la fuite des cerveaux au Canada et aux États-Unis et de rééquilibrer cette tendance au bénéfice de l’Europe, cela exigera une politique de visas mieux conçue, plus volontariste, davantage politique. L’accueil des étudiants étrangers, aujourd’hui, est un formidable vecteur d’influence. Ceux qui viennent apprendre en Europe repartiront un jour chez eux, mais ils se seront alors frottés à notre langue et à nos idées ; ils pourront être les avocats de notre modèle européen et de son originalité.
J’ai évoqué cette question lors de mes voyages en Algérie et en Tunisie, deux pays qui sont l’un et l’autre très mobilisés sur la question de l’éducation. Le président Ben Ali a su poursuivre dans ce domaine l’action de Habib Bourguiba qui avait engagé une action de longue haleine en matière d’éducation. C’est à cette action qu’on doit l’apparition d’une classe moyenne, facteur important de la réussite tunisienne.
Quant à l’Algérie, c’est un pays avec lequel la France veut s’engager dans la voie d’un nouveau partenariat. C’est le président de la République lui-même qui entend conduire ce chantier pour le faire déboucher sur un futur « traité d’amitié ».

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J.A.I. : Vous avez déclaré que le déménagement du ministère des Affaires étrangères sur un nouveau site permettrait de rendre visible ce « changement de culture » que vous appelez de vos vux ?
M.B. : En effet. Ce déménagement ne doit pas seulement fournir une réponse à des problèmes matériels, en donnant à nos agents la possibilité de travailler dans un cadre adapté et dans des conditions correctes. C’est en réalité un nouvel état d’esprit que je veux créer aux Affaires étrangères en regroupant tous les agents, y compris ceux qui s’occupent de culture et de développement ou encore de gestion administrative et qui, à l’heure actuelle, sont dispersés sur onze sites différents. La décision sera prise dès le printemps prochain. 45 000 m2 seront nécessaires. Cette opération doit être intelligente et durable ! À une échelle plus modeste, j’ai déjà réalisé une opération similaire quand j’étais ministre de l’Environnement, en réunissant tous les services avenue de Ségur. Outre une importante économie budgétaire, la première conséquence a été que chacun a eu le sentiment, en travaillant aux côtés du ministre, de faire partie d’un ensemble. C’est cela que je veux faire avec les personnels des Affaires étrangères.

J.A.I. : Autant de « grands travaux », en France et à l’étranger. Disposerez-vous des moyens politiques qui vous sont nécessaires pour les mener à terme ?
M.B. : Je crois profondément que l’action diplomatique, aujourd’hui, se mesure de plus en plus à la capacité d’être là où les choses se passent, d’y avoir de l’influence et d’y apporter sa marque. La France, au sein de l’Europe, doit tenir toute sa place et y exercer sa pleine autorité. C’est ainsi qu’elle sera encore plus écoutée et entendue. Pour moi, l’UE est un projet politique en soi, un projet de paix et de stabilité qui exige des Français qu’ils soient plus attentifs aux autres. Tel est, en tout cas, le message que je veux faire passer dans les années qui viennent.
J’ai fait depuis longtemps le « choix européen ». J’ai interrompu une carrière politique nationale pour travailler cinq ans dans l’exécutif européen, et ce n’était pas avec l’ambition de devenir haut fonctionnaire ! Mon choix n’a pas été un choix tactique : j’ai voulu acquérir une vraie compétence européenne parce que je sais qu’on ne peut pas participer à l’action de la France, dans la période qui s’ouvre, sans passer par l’Europe. Mon vu le plus cher est que le continent africain trouve, dans le projet européen, une expérience qu’il puisse reprendre à son compte et adapter pour mener à bien, pleinement et durablement, son développement.

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