Mecca-Cola fait son incursion

Publié le 10 août 2004 Lecture : 2 minutes.

L’information ressemble à un canular d’été et, pourtant, elle est on ne peut plus sérieuse : depuis début août, les boissons Mecca-Cola sont distribuées sur le marché israélien. « Pour lutter contre le sionisme de l’intérieur », a tenu à préciser le fondateur de la marque, Tawfik Mathlouthi. Le « Mecca », dont il s’est vendu 20 millions de litres dans l’Hexagone en 2003, est un soda militant qui s’adresse à « ceux qui ne veulent plus boire idiot » ; 20 % des bénéfices sont reversés à des oeuvres caritatives, dont 10 % à l’enfance palestinienne.

Tout est parti d’une intuition : l’exaspération des Arabes et des musulmans, révoltés par la politique étrangère de George Bush, peut se traduire en boycottage des marques américaines, Coca-Cola en tête, à condition de proposer des produits de rechange aux consommateurs. L’idée a germé dans l’esprit de Tawfik Mathlouthi, un homme d’affaires franco-tunisien installé à Paris, en avril 2002, pendant le massacre de Jénine. Avec une mise de départ de 22 000 euros, l’entrepreneur se lance dans l’aventure. Le succès est immédiat. Aujourd’hui, Mecca-Cola est vendu dans une quarantaine de pays, et sa gamme de boissons compte, outre le soda classique, un soda diet (allégé en sucre), et des limonades à la pomme, au citron et à l’orange…
En Israël, c’est un industriel arabe de la ville de Taïbé, au nord de Tel-Aviv, Makdad Idriss, qui distribuera le « soda engagé » et le commercialisera dans les localités arabes de l’État hébreu. Mais s’il reversera 20 % des profits à des oeuvres caritatives, l’industriel a aussi admis que, pour lui, cette affaire était avant tout un business. Les autorités de l’État hébreu n’ont rien trouvé à redire à l’opération. Et sont liées par l’accord d’association entre Israël et l’Union européenne. Juridiquement, Mecca-Cola est une marque française. Les bouteilles sont directement importées de l’Hexagone, dans leur conditionnement d’origine, avec légendes en français, en arabe et en anglais… mais pas en hébreu. Et la société ne peut en aucune façon être soupçonnée de financer le terrorisme, car elle effectue ses dons en nature, sous la forme de kits scolaires et de jeux publics gonflables offerts aux municipalités de Gaza et de Cisjordanie.

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Mathlouthi, lui, ne se fait pas d’illusions sur les chances de sa boisson de conquérir des parts de marché au-delà de la minorité arabe d’Israël. Mais il n’a pas résisté au plaisir d’inviter les Israéliens juifs à goûter sa boisson – « car nous n’avons rien contre les Juifs qui vivent dans l’entité sioniste, nous en avons seulement contre l’entité sioniste elle-même et ce qu’elle symbolise… ».

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