Maroc : naissance d’une superbanque

Publié le 10 août 2004 Lecture : 2 minutes.

Casablanca, novembre 2003 : la Banque commerciale du Maroc (BCM) s’invite par surprise au tour de table de Wafabank, sa concurrente. Mai 2004, elle est le seul maître à bord et contrôle la quasi-intégralité du capital de sa proie. Il n’aura donc fallu que six mois, à peine, à la BCM pour mener à bien la plus grande opération de rapprochement entre deux établissements financiers maghrébins et pour créer la première banque privée d’Afrique du Nord, désormais à une encablure des mastodontes publics libyen et égyptien.

Le nouvel ensemble a été rebaptisé Attijariwafa Bank, un nom qui rappelle la double identité du groupe, que la direction semble décidée à maintenir. Pas question de s’atteler à un dépeçage en règle de Wafabank. Chacun des établissements dispose de positions fortes, et la liquidation de l’un d’eux serait contre-productive. L’heure est à une fusion entre égaux, les meilleurs éléments devant à terme prendre les commandes de leur spécialité, quelle que soit leur banque d’origine. Les problèmes de sureffectifs qui auraient pu résulter de la fusion ont été réglés par le départ négocié de 145 cadres, au début de l’année.
Une purge en douceur qui a donné le signal d’une deuxième étape : la construction d’un ensemble homogène, en commençant par le plus facile : la banque d’affaires. Le rapprochement entre les deux
équipes de cette branche a déjà donné lieu à de grandes opérations, comme le pilotage de l’émission obligataire de l’ONA à hauteur de 2,2 milliards de dirhams (200 millions d’euros). Le placement en Bourse imminent d’une partie du capital de Maroc Telecom permet même à la nouvelle entité de travailler avec deux grands noms internationaux du secteur, Merrill Lynch et BNP Paribas Corporate Finance. Ce rapprochement des
équipes est d’autant plus aisé que la BCM était, dès l’origine, beaucoup mieux positionnée sur le créneau des grandes entreprises que Wafabank, plus présente, elle, dans la banque de détail. Dans ce dernier secteur, la fusion prendra davantage de temps. Plusieurs observateurs estiment que deux années pourraient être nécessaires. Quoi qu’il en soit, l’opération est d’ores et déjà une bonne affaire pour la BCM, désormais incontournable dans tous ses métiers. Le nouveau groupe profite de la capacité d’innovation et de marketing de Wafabank.

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Si elle reste la deuxième enseigne marocaine en total de bilan, juste derrière la Banque centrale populaire (BCP), Attijariwafa Bank se hisse en haut du podium dans la plupart des segments. C’est notamment le cas dans la gestion d’actifs, la Bourse et certaines activités plus récentes comme le leasing et le crédit à la consommation. Mieux, le nouveau groupe représente à lui seul un quart du bilan global de tous les établissements marocains, juste derrière la BCP, pour 30 % de ses fonds propres. Signe de sa nouvelle puissance de frappe, Attijariwafa Bank est même devenue la première capitalisation de la Bourse de Casablanca.

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