La BD cherche à exister en Grande-Bretagne
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Reconnue en France et en Belgique comme le neuvième art, la bande dessinée a encore bien du mal à percer en Grande-Bretagne. L’expression « bande dessinée » n’a d’ailleurs pas vraiment d’équivalent outre-Manche, où l’on réduit volontiers la BD aux graphic novels, aux comic strips ou encore aux cartoons. Le genre est généralement considéré comme une forme de sous-culture, une lecture de bas étage qui ne suscite qu’un intérêt confidentiel.
Devant ce constat si désespéré que les éditeurs français de bandes dessinées ont depuis longtemps écarté la Grande-Bretagne de leurs priorités, un petit groupe d’accros regroupe depuis quelques années leurs efforts pour organiser à Londres un festival de bande dessinée. La deuxième édition de « Comica », du 5 au 13 juin, a fait la part belle à la « nouvelle bande dessinée française » représentée par Lewis Trondheim, Joann Sfar, David B. et autres de « l’Association », parallèlement à quelques auteurs phares : Dupuy & Berberian, Benoît Peeters et Frank Margerin.
Ouvrant une brèche, « Comica » a pu confirmer l’émergence d’un petit marché en Grande-Bretagne. Les résultats de vente des oeuvres de BD sont restés médiocres
par le passé : succès modéré d’Astérix, échec d’Hugo Pratt ou de Marjane Satrapi. Mais les éditeurs anglais ont bien compris le message du festival : parier sur des auteurs moins classiques, voire underground. Ainsi, Sfar sera publié en 2005 par l’éditeur Dan Franklin (Jonathan Cape).
En revanche, les magazines rechignent toujours à publier des planches d’auteurs français, car,
dans l’esprit du public, la BD reste toujours associée aux comics américains « destinés à un public d’adolescent ou « adulescent » », regrette Maylis Vauterin [attachée du livre à l’ambassade de France à Londres]. De même, la BD est toujours très peu distribuée, malgré les efforts de quelques indépendants (Tony Bennett de Knockabout, Claire Thompson de Turnaround) et de libraires comme Andy Roberts, qui prévoit un rayon spécial à Waterstones Camden.
Dans ces conditions, les éditeurs français restent circonspects. Afin de profiter de la couverture médiatique du festival, un voyage de Marjane Satrapi est prévu pour l’automne, qui pourrait améliorer les ventes décevantes de son Persépolis (à peine 5 000 exemplaires, alors que, même aux États-Unis, l’ouvrage s’est vendu à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires). L’événement est porteur d’espoir pour les dessinateurs français, qui peuvent désormais se revendiquer de ce que l’on appelle en Grande-Bretagne la French new wave de la bande dessinée.
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