Au secours, les Chinois arrivent !

Les pays euro-méditerranéens se préparent à faire face à la libéralisation du secteur. Et à la concurrence accrue des produits asiatiques sur le marché européen.

Publié le 10 août 2004 Lecture : 2 minutes.

Le démantèlement des accords multifibres (AMF), en 2005, va se traduire par un durcissement de la concurrence asiatique sur les marchés européens. Et par de sérieuses difficultés pour l’industrie euro-méditerranéenne du textile et de l’habillement. Jusqu’à présent, les gouvernements concernés n’avaient pas vraiment manifesté la volonté de défendre pied à pied ce secteur qui, après l’énergie, constitue pourtant la principale composante des échanges commerciaux de leurs pays. Apparemment, les choses sont en train de changer.
Réunis le 21 juillet à Istanbul (Turquie), les ministres du Commerce des pays euro-méditerranéens ont enfin pris une décision concrète. Pour améliorer la compétitivité de leurs industries textiles, ils ont, sur proposition du Tunisien Mondher Zenaidi, décidé d’accélérer l’application de la règle dite du « cumul d’origine ». En d’autres termes, la ratification d’un accord bilatéral de libre-échange prenant parfois plusieurs années, ladite règle sera désormais applicable dès la signature du document.
Cela signifie, par exemple, qu’une entreprise installée en Tunisie, un pays lié à l’Union européenne par un accord d’association, pourra importer des tissus en provenance d’un autre pays associé à l’UE avec lequel Tunis a conclu un accord de libre-échange en vue de fabriquer des vêtements qui, lors de leur entrée sur le marché européen, bénéficieront de « l’origine préférentielle » : ils seront exemptés des taxes imposées aux produits qui ne sont que partiellement fabriqués en Tunisie. Ce dernier pays, de même d’ailleurs que le Maroc, pourront ainsi bénéficier de cette disposition très avantageuse lors de leurs achats en Jordanie, en Égypte ou en Turquie. C’est ce qu’on appelle le sourcing. « Incontestablement, c’est une bouffée d’oxygène pour nos entreprises, un excellent moyen d’améliorer leur compétitivité », souligne Zenaidi. Les États-Unis utilisent un procédé du même type en faveur des pays latino-américains.
À l’invitation de Zenaidi, les ministres d’Euromed se réuniront à Tunis avant la fin de l’année dans le cadre d’une conférence spécialement consacrée au textile et à l’habillement. Une excellente occasion de donner un contenu concret à la solidarité et de développer le partenariat. Avec pour objectif de permettre aux entreprises euro-méditerranéennes de passer du stade de la sous-traitance à celui de la cotraitance.
C’est d’une importance capitale. Avec la suppression totale, l’an prochain, des contingentements, les produits asiatiques vont déferler sur le marché européen. Ainsi, la part des importations chinoises dans les secteurs déjà libéralisés est passée de 25 % en 2002 à 43 % en 2003, tandis que leurs prix baissaient de 60 %. La Tunisie et le Maroc, dont l’industrie textile-habillement représente près de la moitié des exportations de biens de consommation, ont certes les moyens d’améliorer encore la compétitivité de leurs entreprises, mais elles attendent aussi de l’UE un signal fort. Un signal d’autant plus justifié que lesdites entreprises sont souvent des européennes délocalisées.

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