Au début était le Moussem
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« Aujourd’hui, on connaît bien le cinéma kazakh, kirghiz ou argentin, mais leurs films ne circulent jamais dans les pays du Sud, au Maroc, en Syrie, en Égypte… Tout converge vers le Nord. » Ghassan Abdul Khalek, directeur des Rencontres d’Asilah, ne doute pas que la tenue, sur le sol africain, d’un festival consacré aux cinématographies du Sud soit « une idée politique, le prolongement de la coopération Sud-Sud des années 1970 ». On devine que l’expression a dû déclencher quelques moues chez les institutionnels du Nord. L’objection est balayée d’un sourire. « Les pays du Nord ne se privent pas d’inviter les cinématographies du Sud, je ne vois pas pourquoi un pays du Sud n’en ferait pas autant. Ce triangle Sud-Nord-Sud est le plus important à nos yeux. C’est à Nantes, au festival des Trois Continents, que j’ai vu la plus belle rétrospective brésilienne, les plus beaux fleurons du cinéma chinois. Mais les Chinois ont-ils vu des films brésiliens, les Brésiliens ont-il vu des films chinois ? Asilah tente de tracer le troisième côté du triangle. »
« Mieux que festival, qui a toujours une connotation festive, c’est le mot « Rencontres » qui traduit le mieux ce que nous faisons ici », confirme Mohamed Benaïssa, ancien ministre marocain de la Culture, aujourd’hui aux Affaires étrangères – et par ailleurs maire d’Asilah depuis 1983. C’est lui qui, à la fin des années 1970, a défini les contours de ce qui va devenir le Moussem. À l’époque, Asilah n’est qu’une petite ville côtière déshéritée. Nulles ressources naturelles, pas de port de pêche, une petite agriculture vivrière : c’est dans ce quasi-désert économique et culturel que Benaïssa invite en 1978 onze artistes marocains à peindre des fresques dans la médina. Le reste suit : le romancier italien Alberto Moravia, le prince héritier de Jordanie, l’écrivain congolais Tchicaya U’Tamsi et bien d’autres viennent régulièrement à Asilah. Six ans plus tard naît dans la foulée de l’université d’été un forum afro-arabe tout naturellement présidé par un habitué des lieux, Léopold Sédar Senghor…
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